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Compte-rendu : Un Chopin pacifié - Denis Pascal en récital
La Salle Gaveau était comble pour le récital Chopin de Denis Pascal organisé par les Concerts Parisiens. Ce n’est que justice tant cet interprète, disciple de György Sebök à Bloomington et jadis accompagnateur du violoncelliste Janos Starker, s’est forgé au fil des années un style parfaitement abouti préférant l’art de dire aux élans tapageurs. Dès les Nocturnes (l’op 37 n°1, l’op 48 n°1, l’op 27 n°2) d’un rubato très contrôlé, « les phrases au long col sinueux et démesuré » dont parlait Proust parviennent, par l’extrême pudeur du geste, à un sentiment d’intimité qui se prolonge avec quatre Mazurkas (de l’Opus 6 et de l’Opus 17) d’un galbe souple mais ferme et d’un rythme mesuré. Dans la Sonate «Funèbre», Denis Pascal s’écarte des visions hallucinées pour apprivoiser une pâte sonore toujours dosée où la sérénité, la recherche du timbre, l’emportent sur les gouffres amers avec intensité et pénétration.
La seconde partie se révèle de la même qualité : la Polonaise op 26 n°2 ne « ferraille » jamais et gagne en profondeur ce qu’elle perd en héroïsme épique. La partie centrale, si difficile, autorise toute une variété de couleurs, évitant ainsi l’impression si courante de psittacisme. Savamment conduite, la Polonaise-Fantaisie présente une liberté presque rhapsodique et la Quatrième Ballade sait raconter une histoire avec une élégance discursive (la coda) qui porte la marque d’un maître. Le premier bis (la Rhapsodie hongroise n°8 de Liszt) refuse la couleur locale et les effets de manche pour ne devenir que pure musique. Le second (la Gavotte de la Suite en la de Rameau) est décliné tel un rêve à l’image d’un récital sobre où la pudeur ne nuit jamais à l’éloquence.
Michel Le Naour
Paris, Salle Gaveau, 9 février 2010
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Photo : DR
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