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Compte-rendu : Tchaïkovski enchante, Midori déçoit - Mariss Jansons dirige L’Orchestre de la Radio Bavaroise

Chaque apparition de l’Orchestre Symphonique de la Radio Bavaroise apporte la preuve d’une remarquable homogénéité qui n’a rien à envier à la Philharmonie de Berlin. Avec son chef, le Letton Mariss Jansons, également directeur musical du Concertgebouw d’Amsterdam, une relation d’excellence s’est établie et se fait évidence dès les premières mesures du Concerto pour violon et orchestre de Beethoven. La tenue d’ensemble de chaque pupitre dans les tutti, l’engagement de chacun, fournissent à la soliste (la Japonaise Midori) un écrin dont elle a bien besoin si l’on en juge par une exécution intimiste, sans relief, plus portée à l’esprit zen qu’au tellurisme beethovénien. Son archet millimétré semble ne pas vouloir se développer et la justesse (parfois prise en défaut) ne suffit pas à atteindre la dimension céleste que d’autres ont su naturellement dégager dans cette œuvre où le violon est sans cesse exposé.

Avec la Symphonie n°5 de Tchaïkovski, orchestre et chef sont au diapason sans se perdre dans les dédales d’une affectivité à fleur de peau ou d’un sentimentalisme appuyé. La force dynamique des Bavarois, l’ampleur de leur sonorité, la perfection des interventions individuelles, le contrôle de tous les paramètres que la main de fer dans un gant de velours de Jansons conduit à une progression inexorable, rapprochent sans le knout des interprétations de Mravinsky (dont Jansons est d’ailleurs l’héritier). Le bis – la Sérénade du Quatuor n°17 de Haydn, orchestrée pour cordes – apporte, après ce déferlement de fureur et de désespoir contenu, une note de sérénité entretenue par la précision et la souplesse de musiciens qui paraissent ne faire qu’un.

Michel Le Naour

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 10 octobre 2009

Programme du Théâtre des Champs-Elysées

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Photo : DR
 

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