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Compte-rendu : Subtile poésie - Zhu Xiao-Mei au Festival de l’Orangerie de Sceaux

Le week-end inaugural du 41ème Festival de l’Orangerie de Sceaux donnait l’occasion de retrouver la pianiste d’origine chinoise Zhu Xiao-Mei dans un programme au long cours centré autour de Mozart et de Schubert. Spécialiste de Jean-Sébastien Bach, cette artiste aux semelles de vent fréquente depuis longtemps les compositeurs viennois de la période classique et pré-romantique auxquels elle apporte sa vision poétique, subtile et pudique.

Dès les célèbres Variations sur « Ah ! Vous dirai-je, Maman » du divin Amadeus, le ton est donné : jeu clair, nuancé, dans un registre qui refuse tout éclat au profit de la finesse et la dimension ludique. La Fantaisie en ut mineur de 1782 témoigne d’une grâce souveraine et la tension se laisse deviner sous ces doigts habiles à la gamme infinie de couleurs, tandis que l’Adagio en si mineur, retenu, sans pathos, d’une simplicité de ton évidente, fait place au rêve. Le même sentiment prévaut dans l’exécution de la Sonate n°10 en ut majeur aux éclairages très diversifiés et dans un ambitus sonore toujours aussi contenu.

La seconde partie débute par l’Allegretto en ut mineur de Schubert, entrée en matière d’une tristesse discrète précédant la vaste Sonate en si bémol majeur D. 960, conçue par Zhu Xiao-Mei comme une entité en quatre mouvements d’une seule coulée. Le tempo plutôt rapide accuse les contrastes et ne se perd pas en conjectures. Le temps schubertien se déroule sans introspection, emporté par un discours allant qui culmine dans un final enlevé où la soliste, prise par son élan, se perd un moment pour mieux reprendre ses marques.

L’humanité qui se dégage de cette interprétation, où la musique pure triomphe de la technique, se retrouve dans un bis émouvant (le lied de Schubert La Litanie pour le jour des morts arrangé par Liszt), à l’image de cette pianiste sans apprêt et au parcours si poignant.

Michel Le Naour

Orangerie de Sceaux, 11 Juillet 2010

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Photo : DR
 

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