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Compte-rendu : Pierre Cao et le chœur Arsys Bourgogne au TCE - Gloria in Arsys Deo


Décidément, il y a un style Arsys Bourgogne qui ne ressemble à aucun autre, quel que soit le répertoire abordé. Un style étranger aux divergences générées par les écoles d'interprétation dites baroques ou traditionnelles, l'auditeur ne retenant ici qu'une impression bienfaisante d'élan premier et de bonheur acoustique.

Plus simplement, c'est en officiant que Pierre Cao opère à la tête de son collectif à géométrie variable( de 4 à 32 chanteurs) ; un officiant attentif au moindre mot qui fait image dans ce foisonnant décor spirituel et qui, au sommet de sa carrière de chef et de pédagogue (il est aussi le directeur artistique des Rencontres Musicales de Vézelay, devenues, grâce à lui, un rendez-vous incontournable pour les passionnés de musique vocale chaque été),vient d'être plébiscité au Théâtre des Champs-Elysées dans un programme qui tournait à l'emblème en réunissant Domenico Scarlatti, Haendel et Bach, tous trois nés en 1685.

Une trinité majeure du XVIIIe siècle riche, sous la convergence chronologique, de singularités signifiantes, à l'instar de Domenico Scarlatti qui ne se contenta pas d'être le fils de son père Alessandro, le grand nom de l'opéra seria et de l'oratorio à Naples, mais suivit, notamment à la cour d'Espagne, une voie totalement autre, faisant montre d'une géniale modernité dans ses 555 sonates pour clavecin, pour se réfugier, au sanctuaire, dans des messes archaïsantes, démarquées de l'austère contrepoint Renaissance. Telle cette Messe dite « de Madrid » que le choeur Arsys revisitait, en lever de rideau, en expert de l'écriture polyphonique, guidé par le geste assuré de son directeur, familier de tous les genres liturgiques.

Reste que le chef luxembourgeois et les siens étaient surtout attendus dans le Dixit Dominus de Haendel et, plus encore, dans le Magnificat de Bach, pierre d'achoppement pour les meilleurs, qu'ils soient baroqueux ou « généralistes ». Attente comblée par la vision toute d'humanité qu'il nous ont proposée de ces chefs-d'oeuvre festifs, servis de plus par le rare savoir-faire instrumental du Cercle de l'Harmonie, une nouvelle fois complice (presque) parfait d'une passionnante aventure chorale. Et l'on n'aura garde d'oublier un plateau de solistes de la plus belle eau: l'aérien soprano de la CoréenneYeree Suh, révélation de la soirée, le généreux ténor Markus Schäfer (l'impérieux Deposuit du Magnificat, modèle de phrasé expressif et de rythme), et le fastueux baryton Peter Harvey, au sens rhétorique imparable.

Roger Tellart

Paris, Théâtre des Champs-Elysées, 17 mars 2011

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Photo : DR

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