Entre les deux premières représentations de la nouvelle Cendrillon de Massenet, l’Opéra Comique a programmé dimanche une matinée de musique française de l’époque confiée à Michel Plasson et à l’Orchestre National de Lyon. L’émotion visible du maestro en retrouvant la salle Favart dont il n’a jamais cessé d’illustrer le répertoire, du Capitole de Toulouse à l’Opéra Bastille avec le mémorable Werther de la saison dernière, a transmué ce concert en événement, pour ne pas dire en manifeste à la gloire de la musique française si chère à son cœur !

Une déclaration d’amour, à coup sûr, qui commence avec la suite de Pelléas de Fauré. Le Prélude suffit au chef pour dompter l’acoustique un brin sonore de la salle. Grâce à la complicité qui l’unit aux musiciens lyonnais, il nous présente une succession de merveilleux tableaux impressionnistes maniant tour à tour couleurs vives et pastel. Puis, il accompagne l’une de ses chanteuses préférées, la mezzo Béatrice Uria-Monzon dans Le Poème de l’amour et de la mer de Chausson et dans deux airs de Dulcinée du Don Quichotte de Massenet, le mélancolique « Quand la femme a 20 ans »… et le virtuose « Lorsque le temps d’amour a fui »… qu’il faut bisser avant l’entracte.

Michel Plasson conclut seul, bondissant, miraculeusement rajeuni, et par cœur, le concert avec d’abord un extrait de la 6e Suite de Massenet dite « Scènes de féerie », Apparition digne d’une fantasmagorie d’Odilon Redon où l’on retrouve les sortilèges du Pelléas de Fauré. Puis, vient la Symphonie de Bizet, qui prend soudain grâce à l’absolue maîtrise du chef et à la virtuosité des solistes de l’orchestre des dimensions insoupçonnées. Délicate, certes, cette musique française, mais certainement pas évanescente ! Il y a déjà tout le génie orchestral à venir dans cet essai de jeunesse. Tout naturellement, Michel Plasson enchaînera en bis le début de l’acte des contrebandiers de Carmen.

Jacques Doucelin

Paris, Opéra Comique, 6 mars 2011

Concert retransmis par France Musique, le 21 mars (à 12h35).

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Photo : DR