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Compte-rendu : L’Orchestre National d’Ile-de-France à Pleyel - Couleurs françaises


Depuis 2005, le chef israélien Yoel Levi a donné une nouvelle impulsion à l’Orchestre National d’Ile-de-France, poursuivant le formidable travail accompli par Jacques Mercier pendant plus de vingt ans. Leur programme chatoyant était une manière de mettre en valeur les qualités d’une phalange rompue au répertoire symphonique français.

Dès le Prélude à l’après-midi d’un faune, l’élégance (celle de la flûte ailée d’Hélène Giraud), voire une impression de moiteur sensuelle prévalent, au détriment parfois du mouvement de la phrase debussyste (le tempo en particulier procure un sentiment d’immobilité). Avec le Concerto pour piano en sol de Ravel, l’animation retrouve ses droits sous les doigts agiles de la pianiste Anna Vinnitskaya (1er Prix du Concours Reine Elisabeth en 2007). Le mouvement initial a toute l’allégresse, la légèreté, le brio qui conviennent, tandis que l’Adagio assai, d’une douceur élégiaque, tient du rêve éveillé. Enlevé, ludique, le final, n’est pas sans décalages, mais la ferme autorité du chef (qui dirige par cœur), remet les pendules à l’heure. En bis, la soliste, dans la Pavane pour une infante défunte, laisse sourdre une émotion très palpable, manifestant une véritable compréhension de cette musique.

Plus anecdotique, le triptyque Escales de Jacques Ibert (1922), aux effluves marins, offre un moment de détente où les musiciens rendent avec fluidité une sève instrumentale un rien démonstrative (les castagnettes de Valencia !). Pour conclure, les Suites n°1 et 2 du Daphnis et Chloé de Ravel sont menées tambour battant par une direction discursive mais parfois trop appuyée (la Danse générale) où l’orchestre fait flèche de tout bois, comme dans deux bis très enlevés (la Farandole de L’Arlésienne et la Danse bohémienne de Carmen de Bizet).

La main de fer dans un gant de velours de Yoel Levi n’interdit pas échange et communication avec cette formation visiblement heureuse de jouer en sa compagnie.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, le 12 mars 2011

Pour en savoir plus sur les prochains concerts de l’Orchestre National d’Ile-de-France : www.orchestre-ile.com

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Photo : Carl Vandervoort

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