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Compte-rendu : Leçon de style - Frank Peter Zimmermann et Enrico Pace

Seigneur de l’archet, l’Allemand Frank Peter Zimmermann (photo) ne bénéficie pas d’une notoriété proportionnelle à son talent. Depuis plusieurs années, il fait équipe avec le subtil pianiste italien Enrico Pace dans un duo qui recherche plus l’excellence musicale que le battage médiatique. A cet égard, le programme proposé au Théâtre de la Ville offre un bel exemple d’intelligence en alternant les Sonates pour violon et piano de Schumann et d’Hindemith, deux compositeurs allemands aux esthétiques très opposées. Néoclassiques, les deux Sonates en mi majeur (1935) et en ut majeur (1939) d’Hindemith paraissent formelles face aux trois ouvrages de Robert Schumann au romantisme expressionniste et visionnaire.

Accompagnateur complice mais réservé, le pianiste sert les intentions de Zimmermann dont la pureté d’exécution, la sobriété de jeu, la finesse de timbre et la légèreté d’archet mettent aussi bien en valeur la clarté d’écriture d’Hindemith que les élans lyriques et passionnés de Schumann. La Sonate n°2 en ré mineur op 21 de ce dernier, où les deux partenaires parlent la même langue et sur un terrain d’égalité, atteint une dimension idéale : la sûreté technique et l’aisance ailée du violon s’accordant pleinement à la tension suscitée par la partie pianistique. En bis, le caractère fantastique du Scherzo F.A.E. de Brahms est rendu avec une éloquence, un chatoiement de couleurs et une urgence d’une justesse exceptionnelle. Un moment de pur bonheur !

Michel Le Naour

Paris, Théâtre de la Ville, 29 mai 2010

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Photo : DR
 

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