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Compte-rendu : Félicien David retrouvé - Les Solistes de l’Ensemble Baroque de Limoges

Fichu volcan ! Outre la pagaille aéronautique qu’il a provoquée, Eyjafjöll sera même parvenu à désorganiser le cycle de musique de chambre « Autour de Félicien David » donné à la salle Favart par les Solistes de l’Ensemble Baroque de Limoges parallèlement à une production de Mignon d’Ambroise Thomas dont les qualités ont été soulignées dans nos colonnes. On s’attendait en effet dimanche dernier en fin de matinée à une séance de quatuor à cordes mais, les musiciens requis étant bloqués à Vienne, c’est finalement le programme du vendredi qui a été redonné : des ouvrages pour quintette à cordes interprétés par Andrés Gabetta et Maï Ngo (violons) Pierre Franck (alto), Christophe Coin (violoncelle) et David Sinclair (contrebasse).

Musicien bien oublié, Félicien David (1810-1876) n’est pas seulement l’auteur de l’ « ode symphonie » Le Désert, ouvrage dont les historiens soulignent l’importance dans le goût de l’exotisme qui s’empara de la musique française au XIX e siècle. On doit aussi à l’ancien élève de Millault, Fétis, Benoist et Reber une production de musique de chambre assez abondante. La France d’avant l’ère bénie de la Société Nationale de Musique n’est pas aussi pauvre en ce domaine qu’on l’imagine parfois – quantitativement en tout cas, car il lui est en revanche difficile de soutenir la comparaison avec les ouvrages qui naissent à cette période de l’autre côté du Rhin… - et un George Onslow ou une Louise Farrenc ont par exemple laissé des opus de très belle tenue. Sans manifester, loin de là, autant de personnalité que ces deux auteurs, David a signé des pages charmantes telles Les Saisons où les musiciens de Limoges ont choisi deux Soirées de Printemps (les nos 3 et 6), auxquelles s’est ajoutée en bis la n°2.

C’est là une musique aimable qui, à des trouvailles mélodiques vraiment saisissantes, préfère un charme mélodieux qu’on goûte avec plaisir et curiosité, d’autant que les interprètes abordent ces raretés de notre patrimoine avec simplicité et fraîcheur, sans jamais chercher à leur faire dire plus qu’elles ne sauraient offrir. Autre découverte, le 1er Quintette à cordes, op 90 du flûtiste et compositeur Eugène Walckiers (1793-1866), un élève de Reicha, montre une œuvre inégale. Bavards et excessivement dilués, les deux premiers mouvements sont suivis d’un Scherzo et d’un Finale ramassés et autrement goûteux que les Solistes de l’Ensemble Baroque de Limoges enlèvent avec un chic et un lyrisme primesautiers. Quitte à choquer les musicologues, la redécouverte d’auteurs oubliés gagnerait parfois à des comportements plus sélectifs…

Trois heures plus tard, la dernière représentation de Mignon débutait, attestant une dernière fois la réussite d’une production marquée par la prestation de la touchante Marie Lenormand dans le rôle-titre.

Alain Cochard

Paris, Opéra Comique, 18 avril 2010

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Photo : DR
 

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