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Compte-rendu : Adapter les instruments au répertoire… et pas l’inverse ! - Philippe Herreweghe dirige Mendelssohn et Schumann


Pour son récent concert salle Pleyel, Philippe Herreweghe a choisi un programme voué au bicentenaire du premier romantisme outre-Rhin avec Mendelssohn (né en 1809) et Schumann (né en 1810). Du premier, la fameuse ouverture Les Hébrides relève de la peinture d’extérieur avec le bruit du ressac au fond de la caverne mythique. C’est pittoresque à souhait, l’Orchestre des Champs-Elysées sonne plein et juste – dans tous les sens du terme ! – avec un bel arc-en-ciel de couleurs. Pourtant quelque chose vous gêne dès que vous ouvrez les yeux : je crois bien que ce sont les bras étrangement raccourcis du chef dont la gestique étriquée et saccadée sollicite essentiellement les avant-bras. Curieuse impression…

Le Concerto pour violoncelle de Schumann va mettre superbement en valeur le soliste Jean-Guihen Queyras qui ne songe pas une seconde à brider l’élan romantique du compositeur. Et c’est lui qui mène le jeu, dialoguant en poète avec les différents pupitres de l’orchestre. Le celliste fait un triomphe mérité qui l’oblige à revenir pour deux magnifiques bis signés Bach l’Allemand et Duport le Français. Match nul : un bonheur !

La Symphonie n°2 « Rhénane » de Schumann passe quelque peu les possibilités de l’instrumentarium réuni par Herreweghe. C’est que 1850 marque un tournant : le classicisme est bel et bien enterré et Schumann y invente, sans peut-être y penser vraiment, le futur orchestre de Brahms comme de Wagner, plein des mugissements des cors et de tout le pupitre des cuivres. Trop de couacs inutiles ne servent pas le propos du chef qui aurait tout intérêt à avancer un peu dans le choix des instruments en fonction du répertoire.

Jacques Doucelin

Paris, salle Pleyel, 3 novembre 2009

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Photo : DR

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