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Christian Vasquez, Frank Peter Zimmermann et le Philharmonique - Tandem de rêve pour Szymanowski - Compte-rendu


On a pris place avec un peu d’avance au premier balcon de Pleyel. Beaucoup de musiciens présents sur scène déjà qui s’échauffent… Comme une sorte d’impatience, d’envie d’être au meilleur de sa forme… Né en 1984, Christian Vasquez a déjà dirigé le Philhar, en 2008 et 2009. Il n’est que de voir les mines heureuses des musiciens lorsqu’il fait son entrée pour comprendre que le courant passe et que le bonheur est grand de le retrouver.

 

Le jeune Vénézuélien empoigne le Don Juan de Strauss : interprétation nerveuse, turgescente à souhait, sans rien de vulgaire n’y de tape-à-l’œil. Parfaite mise en jambes mais, que Strauss nous pardonne, ce n’est pas pour lui que nous sommes là mais évidemment d’abord pour les deux Concertos pour violon de Karl Szymanowski, sous l’archet de Frank Peter Zimmermann. A quarante-cinq ans, le violoniste allemand s’est hissé sans tapage parmi les très grands de sa génération. Ils de ceux qui prennent leur temps et savent où ils vont…

La pureté radieuse de sa sonorité, la beauté de son instrument (un Strad. de 1711 jadis propriété de Kreisler) font merveille dans le Concerto op 35, servi avec une poésie, une palette de couleurs et une perfection de l’intonation admirables. Complice de chaque instant, Vasquez lui offre un orchestre fourmillant de vie, de détails. Plutôt que l’éther érotico-mystérieux de certaines approches, Zimmermann et Vasquez cultivent une conception plus orgiaque, défendue de la plus incontestable façon.

Comment peut-il être aussi rare au concert ?, se dit-on en entendant en début de seconde partie le Concerto op 61. De ce chef-d’œuvre tardif (1933) du Polonais, les interprètes canalisent la sève et l’énergie sans que l’absolue perfection de l’approche ne nuise à l’expression d’une vibrante poésie.

En conclusion, la 2ème Suite du Tricorne de Manuel de Falla resplendit sous la baguette du maestro vénézuélien avec chaleur, spontanéité et impeccable précision rythmique. Une salutaire bouffée de vent d’Espagne souffle sur Pleyel !

Le résultat que Christian Vasquez a été capable d’obtenir du Philhar. à l’occasion d’un concert ponctuel (balance parfaite ; maîtrise constante de l’énergie souvent trop prompte à s’exprimer des cuivres…) prouve qu’il est un des jeunes chefs les plus doués du moment. Chacun interprétera à sa manière l’enthousiasme que les musiciens de la phalange de Radio France lui manifestent… Puisse-t-il être de retour bientôt à Paris.

Une certitude en tout cas, le Vénézuéla qui – via le Sistema – mise sans faillir depuis les années 70 sur la musique n’a pas fini de nous surprendre !

Alain Cochard

Paris, Salle Pleyel, vendredi 25 mars 2011

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Photo : Jean-François Leclerc

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