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Carmen à l’Opéra Comique - Le don d’ubiquité


Obscénité du livret, « wagnérisme » : il s’en trouvait pour ne pas donner cher de l’avenir de Carmen lors de sa création à l’Opéra Comique, le 3 mars 1875. Mais le vent tourna bientôt pour faire de l’ouvrage de Bizet l’un des plus immenses triomphes de l’histoire de l’art lyrique – que l’auteur, fauché par une mort précoce deux mois exactement après la création, n’eut pas l’heur de savourer. De retour à l’Opéra Comique pour sept représentations, Carmen est un joli pied de nez de la postérité à certains critiques de 1875 – tout comme elle en lance un à notre époque avec sa manufacture de tabac et son torero…

Plus une place de libre depuis belle lurette à la salle Favart pour un spectacle de fin de saison mis en scène par Adrian Noble avec Anna Caterina Antonacci dans le rôle-titre. Si vous n’êtes pas parmi les heureux détenteurs d’un billet d’entrée, ne vous imaginez toutefois pas définitivement privé du spectacle que Sir John Eliot Gardiner (photo) dirige à la tête de son Orchestre Révolutionnaire et Romantique ; réservez plutôt votre soirée du 25 juin. Carmen sera en effet pourvue du don d’ubiquité ce jour-là, grâce à une retransmission en haute définition dans une quarantaine de salles en France et une dizaine en Europe (liste sur : www.cielecran.fr). Après des retransmissions du Met, de la Scala, celle, très récente, d’un Don Giovanni rennais en 3D, une tendance de fond se confirme avec Carmen.

Par ailleurs, une fois de plus, on aurait tort de se focaliser uniquement sur la production principale du Comique, car la série des « Rumeurs » fait de très séduisantes propositions. Le spectacle musical « Rouge, Carmen » de Juliette Deschamps, présenté aux Nuits de Fourvière l’an dernier, est ainsi à l’affiche pour trois soirées et, d’autre part, les cinéphiles auront à cœur de revoir la Carmen de Cecil B. DeMille, film muet de 1915, accompagné par l’Orchestre National de Jazz et le chanteur et guitariste Bernardo Sandoval.

Au chapitre instrumental on pourra goûter à des arrangements (signés Naoki Tsurusaki) de L’Arlésienne par l’Ensemble Agora (avec Irène Jacob en récitante) ou à un concert de l’Orchestre Les Siècles de François-Xavier Roth, avec Jean-François Heisser en soliste du 4ème Concerto de Saint-Saëns. A propos de piano, le rapport de Bizet à cet instrument – Liszt fut « bluffé » par la prodigieuse virtuosité de son jeune collègue français ! – n’a pas été oublié, comme en témoignent deux récitals Bizet (à deux et quatre mains) avec Natacha Kudritsakya et Adam Laloum puis Claudine Simon et Jean Sugitani.

Alain Cochard

Carmen et ses « Rumeurs »

Opéra Comique

Du 15 au 30 juin 2009

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Photo : DR

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