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Candide au Théâtre du Capitole – Un superbe travail d’équipe – Compte-rendu

Œuvre inclassable, Candide change d’allure à chaque nouvelle production. Depuis sa création au Martin Beck Theater de New York, en 1956, elle a connu bien des aléas et plusieurs remaniements, mais les génies conjugués de Voltaire et de Bernstein suffisent de toute évidence à assurer sa survie. Chaque époque peut y chercher un miroir, chaque spectateur peut en tirer des leçons salutaires. Aujourd’hui plus que jamais.
 Le spectacle que présente le Théâtre du Capitole, et qui sera repris dans la foulée (du 19 au 26 janvier 2017) à l’Opéra National de Bordeaux, a été créé, en juillet 2015, au Festival de Glimmerglass (New York). A peu de choses près, on retrouve ici et là les mêmes interprètes et c’est leur travail d’équipe que l’on remarque en premier.

Wynn Harmon (Voltaire), Andrew Stenson (Candide), Ashley Emerson (Cunégonde), Marietta Simpson (La Duègne), Andrew Maughan (Cacambo) © Patrice Nin

Au sein d’un ensemble parfaitement équilibré, chacun de ces vingt chanteurs est à sa juste place, quelle que soit l’importance de son rôle. Il y a là une qualité de travail collectif qui contribue pour beaucoup à la vitalité de cette représentation. Aux côtés d’Andrew Stenson, Candide d’une belle aisance vocale, et d’Ashley Emerson, pétulante Cunégonde, Christian Bowers (Maximillian), Kristen Choi (Paquette), Matthew Scollin (Martin / Jacques), Andrew Maughan (Cacambo) ou Cynthia Cook (Vanderdentur), pour ne citer qu’eux, sont à tous égards exemplaires, aussi habiles comédiens que musiciens distingués.
Accordons une mention spéciale à Marietta Simpson qui, avec une assurance royale et un humour ravageur, incarne The Old Lady. Encore faut-il donner une cohérence à cette suite de scènes, aux rebondissements incessants.

Ashley Emerson (Cunégonde), Brad Raymond (Le Gouverneur) © Patrice Nin

Dans le double rôle de Voltaire et de Pangloss, Wynn Harmon assure, à lui seul, la continuité du récit, en apportant une vérité théâtrale à ce qui n’apparaîtrait sinon  qu’invraisemblable. Il se situe ainsi au centre de la mise en scène de Francesca Zambello, qui refuse les séductions trompeuses du grand spectacle et préfère jouer sur une économie de moyens propre au meilleur théâtre populaire. Voyons là, et c’est un compliment, le triomphe de l’art de la débrouille, une manière habile d’utiliser au mieux les moyens du bord. Un décor unique, peu d’accessoires, des costumes d’époque recréés avec goût et, surtout, d’un tableau à l’autre, un rythme qui ne connaît pas de temps morts.
 Ce rythme, cette invention de tous les instants mais également cette discipline se retrouvent au niveau de l’Orchestre national du Capitole. Sous la direction experte de James Lowe, les richesses symphoniques de Leonard Bernstein ont pu ainsi, sans le moindre risque de naufrage, franchir les océans, tout en conservant intact leur message de tolérance.
 
Pierre Cadars

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Bernstein : Candide – Toulouse, 20 décembre ; prochaines représentations les 22, 24, 27, 29 et 31 décembre 2017. Reprise au Grand Théâtre de Bordeaux les 19, 20, 22, 23, 25 et 27 janvier 2017 / www.theatreducapitole.fr/1/saison-2016-2017/opera-612/candide.html?lang=fr
 
Photo : Christian Bowers (Maximilian), Andrew Stenson (Candide), Ashley Emerson (Cunégonde), Kristen Choi (Paquette),  Wynn Harmon (Pangloss) © Patrice Nin

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