Journal

Brigitte Engerer (1952-2002) - Jusqu’au bout de la musique - Hommage Concertclassic

Triste période pour le piano français : après France Clidat il y a peu, c’est Brigitte Engerer qui vient de disparaître, le 23 juin à Paris, dans sa cinquante-neuvième année. Fidèle depuis de longues années du Festival de la Roque d’Anthéron et de la Folle Journée nantaise, elle comptait parmi personnalités classiques françaises les plus populaires. On a encore en mémoire le récital à quatre mains et à deux pianos qu’elle avait donné avec Boris Berezovsky au Piano(s) Festival de Lille en 2011 ; la chaleur et la spontanéité de ce moment de partage musical – et les fous rires échangés avec son fidèle compère durant le bouquet de Danses hongroises de Brahms ! - étaient tout à l’image d’une interprète qui vivait la musique avec générosité et naturel.

Singulier parcours que celui de Brigitte Engerer. Née à Tunis en 1952, elle fit son entrée au Conservatoire de Paris en 1963 dans la classe de Lucette Descaves. En 1970, deux ans après sa sortie de l’établissement de la rue Madrid, elle partit pour Moscou étudier auprès de Stanislas Neuhaus au Conservatoire Tchaïkovski. Prolongé jusqu’en 1975, ce séjour - qui vit la jeune Française se ranger parmi les lauréats du Concours Tchaïkovsky en 1974 - exerça une influence décisive sur sa personnalité et son jeu. A son retour en Europe occidentale, le Concours Reine Elisabeth (en 1978) contribua à lancer sa carrière ; des chefs tels que Karajan, Mehta, Barenboim ou Ozawa ne tardèrent pas à s’intéresser à elle.

Des premiers enregistrements - parmi lesquels des Schumann irrésistibles de feu et de lyrisme (1) - aux gravures récentes chez Mirare, le disque se fait heureusement le témoin d’un art d’abord synonyme de don de soi et de nécessité intérieure. Malgré le cancer qui la minait, Brigitte Engerer a continué de vivre jusqu’au bout son amour de la musique et du piano. Au concert, bien évidemment, - le dernier avait eu lieu au TCE le l2 juin ; le Concerto de Schumann avec l’Orchestre de chambre de Paris - mais aussi par une activité de pédagogue qu’elle exerçait depuis 1992 au Conservatoire de Paris et qui a par exemple profité à David Bismuth, Varduhi Yeritsyan ou, plus récemment, Rémi Geniet.

Alain Cochard

(1) 2 CD Decca 4803681

France Musique consacre une soirée spéciale à Brigitte Engerer, ce mardi 26 juin de 20h à 22h30, avec la participation d’Anne Queffélec, Henri Demarquette et Alain Lompech.

> Vous souhaitez répondre à l’auteur de cet article ?

> Lire les autres articles de Alain Cochard

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles