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Boris Berezovsky au Festival de l’Epau - Russe, très russe…- Compte-rendu

Dans le lieu de mémoire de l’Abbaye cistercienne de l’Epau, Boris Berezovsky donne, devant une salle comble, un récital d’une grande diversité, mené avec un art consommé du clavier.
 
Les Skazki (Contes de fées) de Nikolaï Medtner (1880-1951) constituent désormais l’un des piliers de son répertoire. Le pianiste y fait preuve d’une virtuosité étourdissante et joint à un sens musical affiné une compréhension d’un langage harmonique complexe. On l’attend moins en revanche dans Debussy. Son exécution de sept Préludes du Premier Livre s’avère pourtant passionnante : lecture très personnelle, volontiers accusée (Ce qu’a vu le vent d’ouest), toujours timbrée (Les collines d’Anacapri), qui sait faire patte de velours (La fille aux cheveux de lin).
 
Générosité, poésie, sens des contrastes caractérisent ensuite une interprétation en tout point passionnante des Davidsbündlertänze de Schumann ; Berezovsky y prend des risques tout en sachant se montrer narrateur. Aussi dominée sur le plan technique que stylistique, sa conception parvient à unifier les contraires avec un don de soi très apprécié du public. Dans l’un des bis, il s’associe à sa fille Evelyne, excellente pianiste, pour un quatre mains (des extraits de la Petite Suite de Debussy) - leur complicité fait plaisir à voir !
 
Pour poursuivre dans le registre de la convivialité, est organisé juste après le récital un after au Magic Mirrors - une tente aménagée pour l’occasion en cabaret russe. Animée par Bernard Lozé avec le groupe Russkaya Migratsiya, cette soirée conjugue chants tziganes à la sentimentalité à fleur de peau, virtuosité de la balalaïka, danses entraînantes. La fête bat son plein et Boris Berezovsky, enthousiaste, s’empare d’une balalaïka pour faire résonner un air de son pays. Une ambiance dans la pure tradition russe à quelques encablures du Mans !
 
Michel Le Naour
 
Abbaye de l’Epau, 27 mai 2014

Photo @ DR

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