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Bernard Tétu et les Solistes de Lyon à la Grange au Lac – Une fervente simplicité - Compte-rendu

Invités dans la salle légendaire de la Grange au lac d’Evian par l’Orchestre des Pays de Savoie et son directeur musical Nicolas Chalvin, Bernard Tétu et les Solistes de Lyon se produisaient dans un programme de musique sacrée bâti autour du célèbre Requiem de Fauré. Sans ostentation, avec naturel et sobriété, le chef primus inter pares entraîne ses troupes d’un geste sûr et paternel.
 
En ouverture, le Cantique de Jean Racine de Fauré sous une direction pure et lumineuse émeut par sa simplicité. Les Litanies à la Vierge noire de Francis Poulenc participent du même état d’esprit, et l’invocation de la foi pénètre ici le tréfonds de l’âme.

La Cantata Misericordium de Benjamin Britten (1963) fait entrer de plain-pied dans un univers proche du War Requiem entre plainte, souffrance, crainte, douleur, supplication du « Bon Samaritain » abandonné blessé sur le bord de la route, sauvé par l’intervention d’un Lévite dont il n’attendait pourtant nul secours. Pierre-Antoine Chaumier (ténor) et Jean-Baptiste Dumora (baryton) se joignent au chœur et à un orchestre minimal fébrile, tendu à l’extrême (la harpe, le solo de violon, le frémissement des cordes, les feulements des percussions…) pour délivrer de ce petit opéra une narration musicale aussi juste que fervente.
 
Avec le Requiem de Fauré (donné dans la version pour orchestre de chambre établie par Jean-Michel Nectoux), les musiciens retrouvent un climat intimiste où l’on notera l’engagement des chanteurs, leur sérénité (Jacques Bona, remarquable dans le Libera me), la dimension extatique (le soprano sans vibrato de Cécile Dibon Lafarge dans le Pie Jesu), et la fusion de tous les instants entre orchestre, chœurs et voix que favorise l’acoustique de l’auditorium de la Grange au lac entièrement en bois.
 
Après avoir donné une brève explication en début de concert, Bernard Tétu invitera plus tard le public, au moment du bis, à participer à l’exécution d’une partie du Libera me. Une manière exemplaire de se quitter dans la ferveur, la convivialité et l’émotion de la musique pure.
 
Prochain rendez-vous avec l’Orchestre des Pays de Savoie à la Grange au Lac le 24 mai, dans un programme entièrement mozartien réunissant Sophie Karthäuser et Cédric Tiberghien sous la baguette de Nicolas Chalvin(1).
 
Michel Le Naour
 

  1. On pourra également entendre l’OPS et ces solistes dans ce même programme le 21 mai à Lyon (Salle Rameau), le 22 mai à Paris (Salle Gaveau) et le 27 juin enfin, en ouverture de la saison d’été de l’Opéra de Vichy.

 
Evian-les-Bains, Grange au Lac, 29 mars 2014 / www.orchestrepayssavoie.com
 
Photo @ William Pestrimaux

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