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Bernard Haitink et le LSO - Au cœur du « secret Bruckner » - Compte-rendu
Serein et solaire, le 27e Concerto de Mozart emplit Pleyel avec une sorte d’évidence : Maria João Pires et Bernard Haitink sont lancés dans un cycle Mozart avec le LSO dont on saura un peu plus la saison prochaine (1), il était donc logique que celle-ci remplace Murray Perahia qui avait dû annuler son Concerto de Schumann.
A sa façon ce Mozart hors mode est de bout en bout admirable, toujours trouvé, jamais cherché, il déroule le plus détaché des opus de l’auteur de La Flûte enchantée avec un naturel confondant. Le son est projeté, lumineux, sans ombre mais toujours pesé, que ce soit à l’orchestre ou au piano. Cette musique de chambre, on l’a encore très exactement dans la tête alors qu’on tente de vous la décrire en écoutant tout autre chose (l’Ouverture Leonore III dirigée par Klaus Tennstedt), c’est vous dire !
Mais ce que l’on attendait d’abord de la soirée était la « Romantique » de Bruckner, avec un point d’interrogation. Comment le LSO allait-il trouver, en même temps que cette sonorité si particulière, la poétique de l’œuvre. Haitink l’y a mené avec une économie de geste et un sens de la ligne imperturbables. Même si les Londoniens ne possèdent pas la grammaire de Bruckner comme les formations austro-hongroises ou germaniques, leur souplesse stylistique les y invite. Quel équilibre d’orchestre, quels pupitres de cordes, comme les quatre cors sont individualisés et parlent !
Patiemment Haitink déroule le paysage : il est depuis si longtemps devenu un familier de Bruckner que son art a disparu derrière celui du compositeur. On n’en perçoit plus l’admirable artisanat que dans les transitions, finement pesées, et qui suspendent un peu plus le temps. Effet étonnant, sensible durant toute l’œuvre, mais qui s’imposait avant tout dans les paliers du final, où les transitions faisaient comme un étrange rebours musical. Littéralement comme si l’on était reconduit plus en arrière dans l’œuvre. Comme Wagner la grande question que pose l’Autrichien est celle du temps en musique, et seuls les chefs qui savent rendre cette interrogation visible ont pénétré au cœur du « secret Bruckner ». Ils ne sont pas si nombreux : Furtwängler, Böhm, Jochum, Wand ; Haitink les a rejoints.
Jean-Charles Hoffelé
Ensemble ils donneront dans un an et dans le même lieu au cours de deux concerts (17 et 18 juin 2012) les Concertos nos 20 et 23. La 7e Symphonie de Bruckner figurera par ailleurs au concert du 17 juin.
Paris, Salle Pleyel, le 18 juin 2011
Site du London Symphony Orchestra : http://lso.co.uk
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Photo : DR
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