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Belshazzar de Haendel dirigé par Ottavio Dantone au Festival de Beaune - Bel et bien - Compte-rendu

Clôture en beauté du premier week-end du Festival de Beaune, Belshazzar tient ses promesses et ses ambitions. On sait que l’oratorio de Haendel, daté de 1745 pendant la dernière époque du compositeur, constitue un ouvrage exigeant, de près de trois heures, multipliant les ressources vocales, chorales et instrumentales. Un oratorio assez rare aussi, peut-être pour ces motifs, parmi les concerts dédiés à Haendel. L’attente était donc vive, confortée par le renom d’Ottavio Dantone devant son Orchestre Accademia Bizantina, le Rias Kammerchor de Berlin et un plateau vocal de choix. Ils ne faillissent pas !
 
Le ténor Thomas Walker délivre une présence impressionnante au rôle-titre, alliant vigoureuse expression tragique à une projection souveraine, y compris dans la technique d’ornements pleinement maîtrisée que nécessite ses périlleux arias da capo. Pour Nitocris, mère du roi de Babylone (Balthasar, ou Belshazzar) au destin funeste selon le Livre de Daniel, Katherine Watson ne lui cède en rien, soprano irradiante aux aigus ardemment profilés. Une magnifique révélation des précédentes sessions du Jardin des Voix de William Christie ! Damien Guillon reste ce contre-ténor aux accents et élans emportés qui ne sont plus à chanter, pour Cyrus, roi des Perses rival et victorieux. Delphine Galou dispense, pour le prophète Daniel (précisément), le phrasé éloquent qu’on lui connaît. Relevons aussi l’assurance confondante de la basse Andreas Wolf, pour Gobrias le compagnon d’arme de Cyrus. Un plateau de choix, disions-nous…
 
Les interventions chorales, imposantes et aux moments clefs comme pour tout oratorio haendélien, sont servies au mieux par un Rias Kammechor qui justifie sa belle réputation. Il en résulte de même de l’Accademia Bizantina, machine éprouvée dans la virtuosité comme l’unité. Dantone se démène pour maintenir la tension, jusqu’aux moments forts de l’inspiration musicale du troisième acte, au fil d’un ouvrage dont l’aspect cloisonné, voire répétitif, aurait pu tourner à la longueur. En dépit d’une sonorité d’ensemble qui pèche parfois par manque de dynamique. Mais l’œuvre est ainsi faite...
 
À la valeur de ces interprètes italiens, allemands, britanniques ou français, exprimant leur art en anglais, il convient d’ajouter celle inattendue et bienvenue des… Portugais. Qui ont permis au concert de se dérouler sans encombres de bruits de klaxons et autres hurlements intempestifs, dont on avait tout à craindre aux alentours de la Basilique Notre-Dame de Beaune (le soir exact de l’envahissante finale de rencontre de ballon). À plus d’un titre, le miracle chanté par l’oratorio s’est accompli !
 
Pierre-René Serna

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Festival de Beaune, Basilique Notre-Dame, 10 juillet 2016.
 
www.festivalbeaune.com
 
Photo (Katherine Watson & Ottavio Dantone)  © DR

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