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Ariodante au TCE - Un quatuor de rêve


Haendel n’écrira pas un autre opéra possédant une structure dramatique si claire, un dessin si lisible, et l’on ne louera jamais assez le très pratique livret que lui aura troussé un auteur resté anonyme d’après la Ginevra di Scozia d’Antonio Salvi autant que de l’Orlando furioso de l’Arioste. Un premier acte de pur divertissement où la félicité la plus complète semble guetter Ginevra et Ariodante, un second où tout n’est que tromperies - la scène de séduction jouée sous les yeux d’Ariodante par Polinesso et Dalinda déguisée en Ginevra – et fausses nouvelles (l’annonce de la mort d’Ariodante) pour aboutir à l’étreignante folie de Ginevra. Et enfin un troisième tout employé au dénouement des imbroglios, qui voit Polinesso tué par Lucanio, Ariodante de retour, Ginevra tirée de sa folie et Dalinda pardonnée par le roi.

Guère d’intrigues parallèles donc, une concentration du propos dramatique qui n’interdit pas le développement de portraits psychologiques finement réalisés, et sur tout cela une musique somptueuse, avec beaucoup de ballets destinés à la danseuse française Marie Sallé.

Même si l’on ne se console pas de ne pas voir l’œuvre montée, elle qui appelle avec tant d’évidence la scène, on fera fête à l’exécution en concert qu’en propose le Théâtre des Champs-Elysées. Pas tant pour la direction prévisible d’Alan Curtis et sa tranquille routine, que pour le cast, brillantissime : Joyce DiDonato (photo) en chevalier, Karina Gauvin en Ginevra, Marie-Nicole Lemieux pour le fourbe Polinesso, Sabina Puértolas pour Dalinda ; quel quatuor !

Virgin publie juste pour le concert l’enregistrement réalisé par les mêmes, fera-t-il oublier le théâtre flamboyant qu’y avait déchaîné Marc Minkowski en 1996 ?

Jean-Charles Hoffelé

Haendel : Ariodante

23 mai 2011 – 20h

Paris - Théâtre des Champs-Elysées

www.theatrechampselysees.fr

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Photo : Todd Rosenberg

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