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Ariane et Barbe-Bleue à l’Opéra de Dijon - Magie orchestrale - Compte-rendu
Peu représenté, Ariane et Barbe-Bleue de Paul Dukas, conte en trois actes sur un livret de Maeterlinck créé à l’Opéra Comique en 1907 (cinq ans donc après Pelléas et Mélisande, dont Dukas avait d’emblée été un fervent défenseur), est une œuvre complexe tant sur le plan musical que théâtral. Toujours inventif dans sa programmation, l’Opéra de Dijon a relevé le gant sous la direction stylistiquement parfaite de Daniel Kawka et dans une mise en scène au symbolisme affiché de la Suissesse Lilo Baur.
Pari tenu sur le plan orchestral : Daniel Kawka (photo), à la tête d’un Orchestre Dijon Bourgogne tour à tour fin et incandescent, donne leur raison d’être aux effluves symphoniques d’une partition en mobilité harmonique constante, à l’architecture claire et au couleurs luxuriantes. La scénographie de Sabine Theunissen et la direction d’acteur de Lilo Baur apprivoisent un espace très large habité par des panneaux déplacés à vue au gré de l’ouverture des portes. Un dispositif vertical descendu des cintres symbolise le passage des ténèbres de l’enfermement à la délivrance.
Le plateau est malheureusement en partie décimé par les affres de l’hiver mais, malgré tout, l’Ariane de Jeanne-Michèle Charbonnet (aux aigus poussés et parfois instables) et la nourrice de Delphine Haidan (à l’émission réduite) réussissent à vaincre l’adversité. Le problème réside pourtant dans la difficulté à saisir le texte de Maeterlinck tant la diction se révèle la plupart du temps incompréhensible.
Les cinq femmes de Barbe-Bleue sont bien caractérisées (Sélysette de Carine Séchaye, Ygraine de Gaëlle Méchaly, Mélisande d’Emmanuelle de Negri, Bellangère de Daphné Touchais, Alladine d’Erifili Stefanidou), en particulier quand elles refusent de se libérer de l’emprise de Barbe-Bleue, incarné par un Damien Pass plus théâtral que vocal (scène impressionnante que celle où, ligoté par les paysans, il est livré à Ariane). Les Chœurs de l’Opéra de Dijon, très fournis, scandent avec ferveur à la manière de la tragédie grecque les différents épisodes de l’action.
Somme toute un remarquable moment de musique pure à mettre au crédit de l’Opéra de Dijon et qui permet de mieux comprendre l’admiration qu’Olivier Messiaen portait à son maître Paul Dukas, coloriste comme lui devant l’Eternel.
Michel Le Naour
Dukas : Ariane et Barbe-Bleue - Dijon, Auditorium, 11 décembre 2012.
Site de l’Opéra de Dijon : www.opera-dijon.fr
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Photo : DR
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