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Alcina au Palais Garnier – Bouleversante Myrto Papatanasiu - Compte-rendu
Le spectacle épuré de Carsen ne vieillit pas, il se bonifie même, fluide, poétique, tout en direction d’acteur et en lumières, en perspectives et en jeux d’ombre, il a capturé l’esprit de l’œuvre et l’on enrage encore une fois que le personnage d’Oberto - même si Haendel l’a inclus tardivement durant la rédaction de son opéra – soit simplement supprimé.
La nouvelle distribution a ses points forts – le couple ancillaire formidablement campé par Cyrille Dubois, Oronte plein de caractère et Sandrine Piau, délicieuse, piquante et qui ne fait qu’une bouchée de la virtuosité infernale des arias de Morgana, ou encore le Bradamante si finement joué et bien chantant de Patricia Bardon – et ses creux, le Melisso caverneux de Michal Partyka, le Ruggiero agile mais sans timbre et sans caractère d’Anna Goryachova.
La fosse est sage, Christophe Rousset (à la tête de ses Talens Lyriques) la voulant classique de ton, attentiste presque quant au drame durant tout le I pour mieux le laisser se déployer ensuite. On comprend sa stratégie à compter du II qui prend une ampleur sidérante d’autant qu’Alcina s’y montre enfin dans sa vérité. Et comment ! On avait adoré sa Fiordiligi, sa magicienne nous bouleverse : Myrto Papatanasiu nous a serré le cœur. Pas entendu "Ombre pallide" à ce point poussé dans ses extrêmes limites, de timbre, de pianissimo, de désespoir, et avec quel art du chant, quel legato, quelle ligne dans les mots mêmes ! Pour elle revoir ce beau spectacle vous sera obligatoire.
Jean-Charles Hoffelé
Haendel : Alcina - Paris, Palais Garnier, 2 février ; prochaines représentations les 5, 7, 9 et 12 février 2014
www.concertclassic.com/concert/alcina-de-haendel
Photo © Opéra national de Paris - J.M. Lisse
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