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Aix-en-Provence – Compte-rendu : Didon et Enée à l’Académie Européenne de Musique


Créée en 1998, l’Académie Européenne de Musique constitue un vivier de talents et témoigne de l’ouverture du Festival d’Aix-en-Provence aux jeunes musiciens, du pari sur l’avenir qu’il renouvelle chaque année en accueillant une moyenne d’environ soixante-dix stagiaires (71 pour 2006, retenus parmi les 292 auditionnés dans plusieurs capitales européennes mais également à New York) et une trentaine de personnes pour l’encadrement pédagogique.

Installée aux Ateliers de Venelles (là où, à quelques kilomètres d’Aix, sont fabriqués les décors et les costumes du festival), l’Académie se veut « une fenêtre ouverte », selon les termes de son délégué artistique Antoine Manceau, et permet au public de découvrir le travail des jeunes musiciens, qu’il s’agisse de masterclasses ou de spectacles, tel le Didon et Enée de Purcell évoqué ci-après.

Comme le rappelle Antoine Manceau, « le contemporain a toujours été présent à l’Académie. Sa place est toutefois réaffirmée avec énergie cette année, ce qui traduit le souhait de structurer ce pôle de manière plus forte et de le développer à l’avenir ». L’Académie 2006 comporte ainsi deux ateliers « répertoire contemporain et composition », respectivement confiés à Jérôme Combier et Julien Dassié, tous deux placés sous la houlette de Michael Jarrel.


L’Académie Européenne ne se cantonne cependant pas au répertoire contemporain et l’on y trouve aussi une académie de chant (travail sur Gluck, Mozart, etc.), de harpe - sous la conduite de Marie-Pierre Langlamet, harpe solo de la Philharmonie de Berlin(1) - et de musique de chambre. Au programme de cette dernière Chostakovitch et Schumann, mais également Bach et Biber. Ce volet baroque est placé sous la direction de Kenneth Weiss, que l’on retrouve par ailleurs à la tête du Didon et Enée donné treize fois durant le festival ( 8,9,11,12,13,14,15,16,18,19,20,21,22 juillet).

La production de l’ouvrage de Purcell proposée à Aix cette année est en fait une reprise de celle présentée pour la première fois durant l’hiver 2004 en pays d’Aix (17 représentations). Elle avait donnée à Kenneth Weiss (photo ci-dessus) l’occasion de sa première collaboration avec l’Académie Européenne de Musique. Le bonheur qu’éprouve le claveciniste à retrouver l’Académie est palpable : « le très haut niveau des stagiaires est très stimulant », confie un artiste qui se réjouit par ailleurs de préparer la reprise de Didon et Enée en collaboration avec « une magnifique artiste et une grande pédagogue : Rachel Yakar. Elle a beaucoup de conseils à apporter aux chanteurs et c’est une aide précieuse pour moi. »

Par rapport à la production de 2004, une « dynamique différente » s’installe entre des chanteurs parmi lesquels les principaux protagonistes ont changé (Jennifer Johnston incarne Didon, Adam Green Enée). « Il difficile de dire que c’est mieux ou pas, note Kenneth Weiss, ce que j’apprécie en tout cas c’est que le travail demeure très spontané. » Et l’aspect théâtral très présent aussi dans la représentation d’un ouvrage d’une rare densité que le public découvre dans une salle de 150 places, d’où une grande proximité avec les chanteurs, leurs expressions.

L’activité de Kenneth Weiss à Aix cette année présente par ailleurs un aspect purement instrumental puisqu’il encadre une Académie Bach et Biber (du 11 au 21 juillet). Les sonates pour violon et clavecin et pour viole de gambe et clavecin du Cantor sont au programme, mais aussi des ouvrages de Biber, Schmelzer et Rosenmüller. « Il était intéressant de voir ce qui se passait de l’autre côté de l’Europe à l’époque de Purcell, remarque le claveciniste. La fantaisie y était également au rendez-vous ! »

Alain Cochard

(1) Détail symbolique de l’intégration de l’Académie dans le festival, cinq jeunes harpistes stagiaires participent aux représentations de L’Or du Rhin


Photo : DR

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