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Adrien La Marca et Louis Noël Bestion de Camboulas au Festival de Royaumont – Rencontre inattendue, subtil dialogue – Compte-rendu

Un concert pour alto et orgue en ouverture de l’ « Acte 1 » du Festival de Royaumont 2015 ? Inattendue, la rencontre de ces instruments retenait d’autant plus l’attention qu’elle mettait en présence deux remarquables jeunes interprètes : Adrien La Marca (photo) et Louis-Noël Bestion de Camboulas. Organiste en résidence à Royaumont, ce dernier a le désir de renouer avec la vocation initiale d’un Cavaillé-Coll (1) qui fut conçu pour le salon de la villa d’un amateur suisse en 1864, avant d’être transféré dans le réfectoire des moines de l’abbaye valdoisienne en 1936 (et de faire l’objet d’une restauration entre 2002 et 2007).
 

Louis-Noël Bestion de Cambloulas © Valérie Oberreiter
 
Dès la transcription de la Romance oubliée de Liszt (signée de L. N. Bestion de Camboulas comme l’ensemble des arrangements pour alto et piano du programme), la subtilité du dialogue, l’intelligence avec laquelle les deux musiciens accordent leurs sonorités frappent et séduisent. Avec une intonation parfaite, La Marca tire les plus belles couleurs de son instrument, porté par un orgue jamais envahissant.
Il s'agit pleinement de musique de chambre, là comme dans Orpheus, poème symphonique lisztien qui se prête bien à l’arrangement que l’on découvre, servi par une interprétation équilibrée dans la poésie et la transparence comme dans les passages plus fiévreux. Suit la Romance sans parole op. 30 n° 7 de Mendelssohn : la perspective change certes beaucoup pour ceux qui ont à l’oreille l’original pour piano, mais le propos aussi intimiste que vibrant des deux interprètes convainc totalement.
 
Le Chœur des Pèlerins de Tannhaüser (dans la transcription pour orgue de Liszt), conduit avec ferveur, fournit une transition toute trouvée – ce n’est après tout que le retour à la source de l’inspiration wagnérienne pour ce passage de Tannhäuser -  vers Marche des Pèlerins d’Harold en Italie de Berlioz dont la dimension visuelle est restituée de manière très suggestive. Le mot de la fin revient à Berlioz, avec le fameux Bal de la Fantastique où Louis-Noël Bestion de Camboulas, par ses choix de registration, parvient à évoquer le foisonnement orchestral, tout laissant s’épanouir le lyrisme et la richesse de timbre d’un des meilleurs archets de la nouvelle génération.
Un seul reproche, le format un peu trop de court de ce récital, mais plaisir s’est heureusement prolongé par deux bis vécus avec sensiblité et tact : la Méditation de Thaïs et Après un rêve.
Adrien La Marca et Louis-Noël Bestion de Camboulas se côtoyaient pour la première fois en concert : puissent-il ne pas en rester à un essai plus que réussi !
 
Alain Cochard
 
Abbaye de Royaumont, réfectoire des moines, 6 juin 2015
 
(1) Pour en savoir plus sur l’orgue de Royaumont et les projets de Louis-Noël Bestion de Camboulas : www.concertclassic.com/article/festival-de-royaumont-2015-acte-i-ouverture-sous-le-signe-de-lorgue
 
 
Festival de Royaumont 2015, « Acte 1 », jusqu’au 21 juin ; « Acte 2 », du 3 au 11 octobre / www.royaumont.com/fr/actualite/la-saison-2015

Photo Adrien La Marca © Julien Mignot

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