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6ème Concours international chant-piano Lili et Nadia Boulanger - Une grande édition - Compte-rendu


Une salle du conservatoire d’art dramatique pleine à craquer (où l’on note la présence de nombreuses personnalités, interprètes et musicologues) ; le succès public de la finale du 6ème Concours Lili et Nadia Boulanger en dit long sur l’intérêt porté à une compétition qui aura drainé de nombreux candidats de grande qualité. Christiane Eda-Pierre, Hakan Hagegard, Christian Ivaldi, Burkhard Kehring, Dame Felicity Lott, Susan Manoff… Rien de tel que d’être jugé par ses pairs : la composition du jury présidé par le chef d’orchestre belge Ronald Zollman n’est sûrement pas étrangère à la présence sur la ligne de départ des éliminatoires, le 10 novembre, de 27 duos chant et piano, en provenance d’horizons géographiques très diversifiés, de la France aux Philippines, en passant par les Etats Unis, l’Australie, l’Irlande, le Portugal, l’Allemagne, etc. 6 duos demeurent en lice pour une finale au terme de laquelle la tâche du jury n’aura sûrement pas toujours été simple compte tenu du niveau général de cette ultime épreuve.

Pensionnaire de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris, l’Australien Damien Pass (27 ans, photo ci-dessus), accompagné par Chloé Ghisalberti (31 ans, France), obtient le Prix de chant. Irrésistible de présence scénique, le baryton-basse donne la mesure d’un art à la fois plein d’autorité et de raffinement dans un programme diversifié (Boulanger, Fauré, Duparc, Poulenc, Schubert, Schumann, Eisler, Bolcom) qu’il entame par l’œuvre imposée, Les Bien-Yvres de Thierry Lancino sur un texte de Rabelais, où il joue à plein la carte de l’apparente ivresse en sachant toujours jusqu’où… on peut aller trop loin.



Il suffit de regarder les mines ébahies des jurés pendant un Spectre de la rose de Berlioz surnaturel, en apesanteur, pour comprendre le miracle accompli par la soprano portugaise Raquel Camarinha (25 ans) sublimement – on pèse le mot – accompagnée par Satoshi Kubo (28 ans). Les Fauré, Beethoven, Vasconcellos, Boulanger, Debussy et autre Lancino ne sont pas en reste en matière de fraîcheur lumineuse, de caractérisation, d’intelligence du texte (français impeccable !) et de totale complicité entre la soprano et le pianiste japonais. Tous deux reçoivent, très légitimement, le Prix du duo chant-piano/Prix Rainier III de Monaco.


Partenaire du jeune baryton allemand Martin Hässler (22 ans) – un bel artiste à suivre de très près, il faut seulement le laisser mûrir un peu -, le pianiste polonais Marek Ruszczynski (32 ans) obtient le Prix de piano/Académie musicale de Villecroze, choix compréhensible de la part du jury ne serait-ce que pour le raffinement poétique de son accompagnement dans An eine Äolsharfe de Wolf.


On saluera enfin les beaux instants musicaux que les autres duos ont su offrir : Andreas Beinhauer (23 ans, baryton, Allemagne) et Melania Kluge (28 ans, Allemagne), Andréanne Paquin (28ans, soprano, Canada) et Michel-Alexandre Broekaert (26 ans, Canada) et Sarah Power (30 ans, soprano, Irlande) et Anna Cardona-Esteva (29 ans, Espagne). Avec des faiblesses, des lacunes que le temps et le travail permettront parfois de combler, ils ont tous su se montrer dignes du jury face auquel ils se présentaient.

Alain Cochard

Paris, Conservatoire d’art dramatique, 13 novembre 2011.

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Photo : DR

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