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3ème Festival Nice Classic Live – La musique s’invite chez Matisse
Satané coronavirus ! Le Nice Classic Live a traversé une période de grosses inquiétudes au printemps et a un temps cru sa 3ème édition compromise. Marie-Josèphe Jude(photo), la directrice artistique, a toutefois tenu bon et réussi a maintenir ce qui, rappelle-t-elle, constitue « l’unique festival de musique classique à Nice pendant l’été ».
D’origine niçoise, M-J. Jude a pris il y a deux ans la direction du Nice Classic Live, nouvelle dénomination de l’ancien Festival du Cloître du monastère de Cimiez. Ce changement d’appellation allait de pair avec la volonté de faire souffler un air neuf sur une manifestation qui, c’était une évidence, souffrait d’un fonctionnement en vase clos et d’une baisse de fréquentation. Pari gagné, le festival, soutenu par le département des Alpes-Maritimes, la Région Sud ou la Ville de Nice, a repris des couleurs, sans pour autant renoncer à certains fondamentaux, en particulier la participation aux concerts des professeurs de la célèbre Académie d’été de Nice. A partir de ce socle, la directrice artistique a montré sa volonté d’ouvrir la programmation à de nouveaux invités, tels que par exemple cette année Karine Deshayes, Delphine Haidan, Bertrand Chamayou, Jean-François Heisser, Jean-Philippe Collard (accompagné de Patrick Poivre d’Arvor) ou le Quatuor Modigliani. Directeur artistique du festival de Saint-Paul de Vence, ce dernier a dû renoncer à l’édition 2020 en raison de la crise sanitaire et le Nice Classic Live a profité de leur liberté pour convier les quatre archets à Nice, où il feront équipe avec la clarinette de Pierre Génisson (merveilleux Quintette de Mozart en perspective !)
Quatuor Modigliani © Luc Braquet
Le contraintes sanitaires réduisant par trop le nombre de places dans le cloître du monastère (on ne pouvait disposer de guère plus de 50 chaises), le Nice Classic Live a dû changer de lieu et a heureusement trouvé une proche solution de repli dans l’immense jardin des Arènes de Cimiez, sur le parvis du Musée Matisse. Ce point essentiel étant résolu, il a fallu pour M.-J. Jude – comme pour tous les directeurs artistiques des festivals maintenus cet été ! – s’adapter à la situation en peu de temps, en imaginant une édition plus courte, (trois semaines au lieu d’un mois) et concentrée sur les week-ends.
Cette version allégée et resserrée n’en demeure pas moins riche de solides atouts, grâce aux interprètes présents autant qu’à des programmes variés aux thématiques clairement dessinées. « Le public est de plus en plus sensible – et il a bien raison – à la cohérence avec laquelle le programme est bâti, constate M.-J Jude. Nous autres interprètes avons pour tâche de transmettre les œuvres de compositeurs fabuleux et il importe de les mettre en valeur par la construction des programmes. »
Le Musée Matisse a d’ailleurs été un des inspirateurs direct de l’édition 2020. Le concert inaugural fait en effet écho à l’exposition « Métamorphoses » avec un programme qui, outre des Variations sur les 9 Symphonies de Beethoven pour deux pianos de Jean-François Heisser, comprend la série des Metamorphosis de Glass, partagée entre Valentina Igoshina, Claire Désert, Florent Boffart, Michel Béroff et Marie-Josèphe Jude, et une création du jeune Azan Caro, artiste de formation classique qui s’est tourné vers l’électro.
Pierre Génisson © Denis Gliksman pour Buffet Crampon
L’année Beethoven ne reste évidemment pas sans écho au Nice Classic Live. On pourra y savourer un programme chambriste « conversations intimes », entre sonate et trio, avec Olivier Charlier, Marc Coppey, Michel Béroff et Emmanuel Strosser, mais aussi deux programmes « Filiations » rapprochant Beethoven de Haydn et de Schubert. Toujours au chapitre beethovenien, M.-J. Jude et Michel Béroff s’attaqueront à la transcription lisztienne pour deux pianos de la 9ème Symphonie – ce sera la toute première fois que les interprètes seront réunis dans cette partition.
A propos de deux pianos, un répertoire très cher au cœur de M.-J. Jude, on relève par ailleurs un concert d’hommage à Aldo Ciccolini pour lequel la directrice artistique fait équipe avec Akiko Ebi dans Mozart et Ravel, ou encore un programme français (Chabrier, Debussy, Ravel) réunissant Bertrand Chamayou et Jean-François Heisser.
Karine Deshayes © Aymeric Giraudel
Parmi les thématiques de l’édition 2020, celle autour du conte et des animaux (1/08) promet de faire bien des heureux avec entre autres un Carnaval des animaux de Saint-Saëns dont Natacha Régnier sera la récitante. Il y a longtemps que M.-J. Jude souhaitait consacrer une soirée complète aux Amériques dans le cadre du Nice Classic Live. Ce sera le cas (le 7/08) avec un programme en deux volets, l’un axé sur les Etats-Unis, l’autre sur le monde latino-américain avec une fine équipe d’instrumentistes (dont P. Génisson) placés sous la direction de Thierry Muller, chef d’orchestre et directeur du CRR de Nice. C’est là une illustration des liens que le festival noue avec les forces musicales de la ville. Ou de la région : l’Orchestre de Cannes et Benjamin Lévy sont eux aussi à l’affiche pour un concert mozartien.
Le grand répertoire se taille la part du lion dans les programmes, mais la création n’est en pas pour autant exclue. Outre celle d’Azan Caro inspiré par Glass, on note les premières mondiales d’une pièce à quatre mains de Jean-Marie Cottet, Ce que la nuit révèle, et d’un Hommage à Matisse d’Eric Montalbetti que Karine Deshayes, Delphine Haidan, Pierre Génisson et Jeff Cohen donneront dans cadre d’un concert à la mémoire de Mady Mesplé.
Enfin, si l’amateur de classique est aussi mordu de jazz, il aura plus d’une occasion de trouver son bonheur, à commencer par la fin de la soirée inaugurale, confiée au Pierre Bertrand Sextet.
Alain Cochard
3ème Festival Nice Live Classic
Du 31 juillet au 16 août 2020
Nice – Parvis du Musée Matisse
Programmation détaillée : niceclassiclive.com/fr
Photo © Eric Manas
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