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3 Questions à Nicolas Krauze, chef d’orchestre

Né en 1974, Nicolas Krauze a suivi un parcours original qui l’a conduit à effectuer une bonne partie de sa formation à Moscou. Il se partage aujourd’hui entre une activité très tournée vers l’Europe de l’Est, la Pologne en particulier, et l’Orchestre de la Nouvelle Europe. Une formation de chambre à la tête de laquelle on le retrouve, le 18 décembre à la salle Cortot, dans un programme Vivaldi, Bach et Pergolèse.

Votre parcours est pour le moins original pour un musicien français dans la mesure où il s’est déroulé en grande partie à Moscou. Pour quelles raisons vous êtes-vous tourné vers la Russie ?

Nicolas Krauze : Je suis en effet français, avec des ascendances polonaises. J’ai beaucoup vécu au départ à l’étranger (Etats-Unis, Autriche) pour des raisons purement familiales, et j’ai commencé l’étude du violon à l’âge de trois ans. Je suis ensuite revenu en France et, vers dix-sept ans, ayant pris la décision de me lancer professionnellement dans la musique, j’ai passé un concours et obtenu une bourse Lavoisier pour aller étudier le violon à Moscou pendant un an à l’Institut Gnessin. J’ai fait de la musique de chambre en Pologne aussi et j’ai été alors tenté par la direction d’orchestre. Je suis alors entré au Conservatoire Tchaïkovski où j’ai étudié auprès de Gennady Cherkasov, aujourd’hui décédé. Par la suite j’ai bénéficié des conseils de chefs tels que Christoph Eschenbach. Je suis revenu en France depuis cinq six ans et je vis désormais à Paris.

Vous allez prochainement diriger l’Orchestre de la Nouvelle Europe. Comment est né cet ensemble ?

N. K. : Il s’agit d’une formation dont je suis l’un des cofondateurs, une formation très compacte (les cordes et quelques instruments supplémentaires éventuellement pour des effectifs plus larges) qui essentiellement regroupe des musiciens relativement jeunes. Ils ont plutôt un profil de chambriste ou de soliste en début de carrière, des musiciens qui souvent ont étudié à Moscou et présentent un profil un peu similaire au mien. Je me suis dit qu’il y avait quelque chose à faire avec ces instrumentistes d’excellent niveau, même si le répertoire est relativement réduit.

Nous avons donc monté ce petit orchestre avec lequel, mine de rien, nous avons fait beaucoup de concerts, peu médiatisés hélas mais qui nous ont donné l’occasion de jouer à l’étranger. J’ai décidé assez récemment de rénover l’Orchestre de la Nouvelle Europe, qui devrait bientôt changer de nom et se lancer dans des choses plus ambitieuses et organisées. Mais nous comptons d’ores et déjà plus de 150 concerts à notre actif et nous avons eu l’occasion de collaborer avec François-René Duchâble, David Grimal, Nemanja Radulovic. Bientôt nous jouerons par exemple avec François-Frédéric Guy, Henri Demarquette ou Jacob Karanyi, l’un des lauréats du dernier Concours Rostropovitch.

L’Orchestre de la Nouvelle Europe ne représente toutefois qu’une petite partie de ma carrière de chef qui, hélas, a plutôt lieu à l’étranger qu’en France, même si j’ai eu des invitations de l’Orchestre National d’Île-de-France, de l’Orchestre National de Montpellier ou de l’Orchestre National de Lorraine. J’aimerais plus mettre l’accent sur le côté de français de ma carrière. Pour l’instant j’ai assez souvent l’occasion de diriger en Pologne puisque je fais partie de l’agence que dirige Mme Penderecka, l’épouse du compositeur. J’ai donné un concert il y a peu à Lublin et, début janvier, je dirigerai l’Orchestre Symphonique de Szczecin, avec un vieux violoniste connu comme le loup blanc là-bas : Krzysztof Jakowicz, dans un programme assez festif composé de pièce de Kreisler et du Français Jean-Pascal Beintus.

Quelle place occupe dans le répertoire de l’Orchestre de la Nouvelle Europe la musique baroque, que vous abordez le 18 décembre à la salle Cortot avec Vivaldi, Bach et Pergolèse ?

N. K. : Nous nous consacrons principalement à la musique des XIXe et XXe siècles, mais nous aimons beaucoup aussi faire de la musique baroque, sur instruments modernes s’entend, mais avec une recherche de style, une réflexion sur les coups d’archets, etc. Nous jouons de façon tout à fait décomplexée sur instruments modernes et je pense que nous devrions bien nous entendre avec des solistes tels que Svetlin Roussev et Racha Kolly d’Alba, mais aussi Khatouna Gadelia et Juliette Mars pour le Stabat Mater de Pergolèse.

Entretien réalisé par Alain Cochard, le 8 décembre 2009

Pour en savoir plus sur Nicolas Krauze : http://www.nicolaskrauze.com
Sur L’Orchestre de la Nouvelle Europe : http://www.orchestre-nouvelle-europe.com

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Photo : DR
 

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