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28e Festival des Forêts – Quand la flûte conduit les pas des marcheurs

Dryades et hamadryades vont-elles enfin sortir du bois ? En tout cas c’est la flûte enjôleuse de Philippe Bernold qui les y incitera, avec la mélopée que Thierry Escaich offre à ce retour à la vie des sous-bois, pour l’ouverture du 28e Festival des Forêts, lequel a résisté aux vents mauvais. On se souvient de l’enjeu, imaginé en 1992 par Bruno Ory-Lavollée, et dont l’intérêt ne s’est pas démenti : redonner aux gens le goût de l’écoute de la nature, mêler silence et musique avec les bons intervalles, humer, respecter, écouter, ressentir. Le tout sous la guidance éclairée d’un spécialiste de la nature, cette année Jean Luc Chavanis, qui met un nom sur feuilles et écorces et rapproche le promeneur d’un monde qui lui paraît étranger.

La manifestation propose des promenades en groupes d’au maximum vingt personnes, durant trois heures, avec des pauses dans des endroits accueillants où des musiciens donnent de petits concerts. Hêtres, pins, charmes et chênes qui peuplent ces forêts de Compiègne et de Laigue vont voir se succéder cette année, pour une douzaine de "Bains de forêts", d’excellents artistes tels que Christian-Pierre La Marca, outre un programme commandé à Stéphane Gassot (lauréat de l’Académie Léo Delibes 2019) et joué par le violoniste Thomas Lefort.

Thierry Escaich © Guy Vivien

Et bien sûr cette création pour flûte que Thierry Escaich, en résidence au Festival depuis 2019, et pour quatre ans, a tirée du profitable silence auquel l’a confronté le temps du confinement. Le contact amical qu’il a pu établir avec Philippe Bernold a nourri sa réflexion, tout comme son amour de la nature, fréquentée du bon pied durant ses longues vacances d’enfance dans l’Ariège. Mais cette fois, la passion qui le porte vers la dimension poétique des rituels anciens encore maintenus, l’a mené du côté des indiens Navajos, dont il transpose l’univers en voulant n’en garder que l’essentiel.  « Une courte pièce, dit il,  mais très sentie et qui découle de pièces antérieures, notamment La  Nuit des Chants, créée en 2018 par l’alto d’Antoine Tamestit ». Il avait déjà puisé pour elle dans ce corpus de mélodies toujours vivantes, dont le charme étrange le touche profondément. Un univers bien éloigné de celui, persan, de Shirin, son opéra prévu pour l’Opéra de Lyon début mai et que l’on y découvrira heureusement au printemps 2022.
Une bienheureuse immersion, donc que ces promenades éveillées par les sons et les odeurs, pour réentendre les murmures de la forêt, chercher l’apaisement, le trouver peut-être… En tout cas se nourrir de beauté, et se refaire les mollets… Quant aux huit concerts et aux ateliers jeune public par ailleurs programmés, le festival vient de confirmer leur maintien, « dans le respect des règles sanitaires » il va de soi.

Jacqueline Thuilleux

28e Festival des Forêts ( Compiègne et ses environs)
Du 19 juin au 14 juillet 2020
Création de Thierry Escaich les 19 et 20 juin // www.festivaldesforets.fr

Photo © DR

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