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28e Festival de Musique de Lyon - Le grand bonheur des Baroqueux


On savait Lyon accueillante aux hautes époques, mais on ne s'attendait pas à pareille célébration. A travers une programmation où la qualité le dispute à l'éclectisme, c'est une bonne partie du gotha baroque qui est ici convoquée. Avec une évidente tendresse pour les oeuvres venues d'Italie, mère, faut-il le répéter, de toute nouveauté en musique...

De ce désir d'Italie, le contre-ténor Philippe Jaroussky (photo) témoigne en premier, lui qui ouvrira les festivités  ce 10 novembre, dans un choix de musiques italiennes pour le Roi-Soleil, avec la complicité instrumentale de l'Ensemble la Fenice, guidé par le cornetto funambule de Jean Tubéry (les amateurs du Seicento affirmaient que le cornetto était "le double de la voix humaine"). 

Mais d'autres projets motivent les esprits curieux, en phase avec les préoccupations musicologiques actuelles. Et d'abord, la reconstitution d'un répertoire spécifique, au nom du dialogue Orient-Occident. C'est là le thème des deux concerts "Istanbul"(27 et 28 novembre) où Jordi Savall rêvera avec ses amis à des musiques idéalement métissées, reflet de ce que la réalité fut peut-être au Palais des Sultans à Topkapi (en turc: "la porte du canon").

Juste avant le grand retour monteverdien du vétéran Michel Corboz, vibrant de la même jeunesse qu'il y a près d'un demi-siècle dans un Vespro rayonnant de spiritualité, à défaut d'un son dit "d'époque" (5 décembre).Ou la précieuse "différence" orthodoxe montée du Choeur Sirine de Moscou, confié à Andreï Kotov (16 décembre), tandis que, près de cinq mois plus tard, la Dafne,"fable en musique" composée par le Florentin Marco Da Gagliano la même année que l'Arianna de Monteverdi (1608), nous mènera aux sources de l'opéra, grâce aux bons soins de Jean-Marc Aymes, pilote avisé en l'occurrence.

Enfin, il y a la trilogie Bach qui, à elle seule, est toute une affiche, avec l'Oratorio de Noël mariant le Concert Lorrain au très expérimenté Dresdner Kammerchor, sous la conduite de Hans Christoph Rademann (18 décembre), puis un choix de motets et cantates confiés à Philippe Herreweghe et son Collegium Vocale de Gand dont l'éloge n'est plus à faire (26 janvier), avant de conclure sur la Passion selon Saint-Matthieu où se distingueront d' autres talents : le Choeur Akadêmia et sa fondatrice Françoise Lasserre (2 avril).

 Et l'on ne saurait oublier, ultime et heureuse initiative d'Eric Desnoues, directeur du Festival, l'accueil en résidence de l'Ensemble "Les Nouveaux Caractères" qui, animés par le claveciniste Sébastien d'Hérin, aborderont  la Tragédie lyrique Scylla et Glaucus, chef-d'oeuvre de l'enfant du pays Jean-Marie Leclair (30 novembre).

Roger Tellart

28ème Festival de Musique Baroque de Lyon

10 novembre 2010 au 25 mai 2011

Lyon - Chapelle de la Trinité

Programmation détaillée : www.lachapelle-lyon.org

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Photo : DR

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