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24ème Festival Sinfonia en Périgord – Baroque et d’aujourd’hui

Des ouvrages de Philippe Hersant (photo), Thierry Pécou et Arvo Pärt au programme du 24ème Festival Sinfonia en Périgord ? « Il ne s’agit pas de changer la nature d’un festival qui demeure essentiellement dédié à la musique ancienne, précise David Théodorides, directeur artistique, mais 2014 permet à Sinfonia de passer une étape dans son histoire ; il me paraissait important de le faire avant le cap symbolique de la 25ème édition. J’écoute beaucoup de musique contemporaine et je constate que pas mal de compositeurs actuels se sont réapproprié la musique ancienne, son instrumentarium, ses modes d’écriture. L’histoire de la musique est un fil ininterrompu ; il est intéressant pour le public de pouvoir mettre en miroir des œuvres anciennes et contemporaines afin de ne pas rester dans le passéisme, la muséographie. ».

david theodorides 2014

David Théodorides © DR

Jean-Guillaume Lebrun s’était fait l’écho l’an passé dans nos colonnes de la première mondiale du Miserere de Thierry Pécou à l’Abbaye de Noirlac (1) par Les Folies Françoises de Patrick Cohën-Akénine. On s'impatiente de bientôt retrouver ces interprètes dans un ouvrage qu'accompagnent les Lamentazioni per la Settimana Santa d’Alessandro Scarlatti. « C’est là une vraie démarche de rencontre entre les répertoires et un choix légitime de la part de Sinfonia, qui s’inscrit pleinement dans les actions de la Fédération France Festivals, souligne D. Théodorides. Le réseau des festivals français est une chose fondamentale pour la vie, pour la diffusion de la musique ».
 

Therry Pécou © Guy Vivien

L’envie de faire dialoguer présent et passé aura aussi été à l’origine de deux programmes conçus chacun autour d’une œuvre de Philippe Hersant. Il y a une dizaine d’années de cela, ce dernier dédicaçait son Psaume 130 à l’Ensemble Sagittarius de Michel Laplénie, un artiste très proche de Sinfonia. Le Festival 2014 n’a pas manqué l’occasion de faire revivre la partition du Français au sein d’un programme où Sagittarius interprète en outre Bach et, surtout, Schütz, auteur profondément admiré de P. Hersant. Quant à l’Ensemble De Caelis de Laurence Brisset, commanditaire de La prophéties des Sibylles, il mettra en parallèle cette pièce écrite par Hersant en 2011 et le Cant de la Sibilla.
Au chapitre des mises en miroir chères au 24ème Festival, il convient d’ajouter la soirée Bach/Arvo Pärt réunissant le Chœur Luce del Canto et l’Ensemble Europa Barocca, ou encore, non moins originale, celle proposée par l’Ensemble Chronochromie : une rencontre entre Monteverdi et… la musique de l’Inde du Nord !

La musique baroque n’en demeure pas moins au cœur des préoccupations de Sinfonia en Périgord, cette année comme depuis près d’un quart de siècle. Le célèbre et le plus rare se mêlent harmonieusement : Vivaldi et Hasse par Les Cris de Paris, Lully, Mouret, Dandrieu et Campra par Le Concert Spirituel (« Ensemble associé » au festival) dans un « Guerre et Paix au Grand Siècle ». Succès public assuré !
 

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Ensemble Correspondances © MolinaVisuals

Le très rare trouve sa place aussi, comme avec cette Peste de Milan, oratorio de Marc-Antoine Charpentier qui sera recréé par Correspondances et Sébastien Daucé. Une formation et un chef que D. Théodorides se réjouit d’accueillir : « l’un des meilleurs ensembles actuels dans la musique française de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle. Il apporte une vraie fraîcheur à ce répertoire, avec une homogénéité des voix et un continuo non moins remarquable. Sébastien Daucé est un grand chef ; c’est peut-être l’héritier de ce qu’ont été pour la musique française Les Arts Florissant et William Christie. »

Les amoureux de répertoires « pointus » ne manqueront pas non plus un séduisant détour par des airs et chansons de l’époque d’Henri IV interprétés par Le Concert des Planètes, l’un de ces nouveaux ensembles que le directeur artistique de Sinfonia suit avec attention. « Il y a un nombre incroyable de jeunes ensembles, de jeunes – et vrais ! – talents qui prouvent la vitalité de la musique baroque en France. La tâche d’un festival tel que le nôtre est de les soutenir. »

 

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Ensemble Stravaganza © Jean-Marc Baray / Festival du Mont-Blanc

Sans lui donner ce nom, Sinfonia propose une sorte de « mini-festival off » : du 26 au 30 août, chaque jour à 15 h, une tribune est offerte à des formations fondées durant les cinq dernières années. S’y succéderont l’Ensemble Desmarest, La Pelegrina, l’Ensemble Barbaresque et Raphael Mas, le Consort Brouillamini et, enfin, l’Ensemble à la Française. Dans ce cadre D. Théodorides avait d’ailleurs précédemment repéré l'Ensemble Stravaganza : il est réinvité dans le « in » pour un original programme associant Corelli et Giovanni Battista Reali.

La fête musicale périgourdine commence le 25 août avec le Chœur  Dordogne en Sinfonia, un succès à mettre à l’actif du festival et de son directeur. En cinq ans, les effectifs de ce chœur amateur ont presque doublé et approchent désormais la trentaine de membres. Les remarquables progrès effectués sous la houlette de Michel Laplénie s’illustreront bientôt dans des pages de Monteverdi.

Alain Cochard

24ème Festival Sinfonia en Périgord
Du 25 au 31 août 2014
Périgueux et ses environs
www.concertclassic.com/festival/sinfonia-en-perigord
 

  1. http://www.concertclassic.com/article/une-creation-de-thierry-pecou-labbaye-de-noirlac-la-liturgie-comme-acte-theatral-compte /  Lire l’interview de Thierry Pécou : http://www.concertclassic.com/article/entre-priere-et-exorcisme-trois-questions-thierry-pecou-compositeur

 
 Photo Philippe Hersant © Radio France / Christophe Abramowitz

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