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23ème Festival Sinfonia en Périgord – Nouveaux interprètes, nouveaux répertoires

Intégré à la structure municipale CLAP (Culture Loisirs Animations Périgueux) depuis quelques années, Sinfonia en Périgord aborde sa 23ème édition et s’impose selon son directeur artistique, David Théodoridès, « comme un événement ancré dans la Dordogne et à Périgueux. La philosophie du festival demeure mais il s’inscrit de plus en plus dans la réalité périgourdine. » Si D. Théodoridès a pu être tenté autrefois par des thématiques, il y a renoncé du fait de leur caractère « artificiel » « Un festival, comme son nom l’indique, est une fête, un moment de partage. En tant que directeur artistique, des musiciens, des ensembles me plaisent, me font vibrer et, un peu comme on invite des amis autour d’une table, j’invite le public à venir les entendre et à goûter à des styles musicaux variés. On va ainsi pouvoir découvrir La Rappresentazione di Anima e di Corpo de Cavalieri par l’Ensemble Il Ballo – une œuvre qui me tient beaucoup à cœur ; l’un des tournants de l’histoire de la musique entre le XVIe et le XVIIe siècle – aussi bien que le Livre Vermeil de Montserra t par La Camera delle Lacrime. » « Avoir des moments rattachés non pas à un thème, mais à un plaisir, renouvelé à chaque concert, en offrant une grande diversité de programmation », tel est l’objectif de D. Théodoridès.

Si l’on retrouve cette année des interprètes déjà entendus à Périgueux, le 23ème Festival reçoit pour la première fois Les Ombres, l’un de « ces ensembles jeunes encore et n’ayant pas la notoriété d’autres formations, mais d’une grande qualité », que le directeur artistique souhaite inviter « car ils apportent un renouveau dans l’interprétation ». Il en va de même avec Il Ballo « dont le dynamisme met en valeur tout l’apport novateur de Cavalieri à la musique ». Première venue à Sinfonia aussi pour l’Ensemble A Deux Violes Esgales - dont le programme « Poésie, musique et gastronomie au Grand Siècle » trouvera toute sa place à Périgueux-la-gourmande ! – ou encore pour Le Palais Royal de Jean-Philippe Sarcos dont D. Théodoridès apprécie « l’approche luxuriante de la musique de Haendel ». « Il y a beaucoup de renouveau dans cette édition, constate-t-il, même si des amis, des fidèles du festival reviennent ; Le Concert Spitituel, Kenneth Weiss, La Camerata delle Lacrime ou Le Petit Concert Baroque de Nadja et Chani Lesaulnier, qui a beaucoup progressé encore, et que nous retrouvons avec bonheur. »

Il reste que, du Livre Vermeil à la musique de Piccinni, l’ampleur de la période chronologique embrassée par Sinfonia est révélatrice d’une nouvelle orientation. « Pour les prochaines années j’ai décidé d’élargir le répertoire, que ce soit en direction de la musique médiévale et Renaissance ou, grâce au partenariat avec le Palazzetto Bru Zane, en direction de la musique préromantique française, précise le directeur artistique. Il y a là beaucoup de choses intéressantes à redécouvrir et, comme le mouvement baroque à beaucoup évolué, il me paressait légitime d’accompagner son attrait pour des répertoires plus tardifs mais toujours interprétés dans le même état d’esprit. »

D. Théodoridès est heureux d’avoir pu inscrire le Atys de Niccolo Piccinni (1728-1800) à l’affiche du 23ème Festival. «Il y a un vrai parallèle entre le Atys de Lully et celui de Piccinni, d’abord par le thème, mais aussi parce l’on peut rapprocher les parcours des deux auteurs. Comme Lully, Piccinni est italien. Il s’installe en France et, s’il n’opère pas de révolution, il apporte à son pays d’adoption un art du bel canto. En revisitant l’histoire d’Atys il fait plus qu’une paraphrase de l’ouvrage de Lully et Quinault, il renouvelle le genre et sa partition annonce ce que sera l’opéra en France au XIXe siècle. « J’ai été très séduit par le travail du Palazzetto Bru Zane et du Cercle de l’Harmonie, dirigé par Julien Chauvin (photo), sur cet ouvrage. Ils ont voulu faire une sorte de « miniature », d’opéra de chambre, comme cela se pratiquait d’ailleurs à l’époque, à côté des grandes représentations dans les salles parisiennes. Ils ont su conserver l’essence de l’ouvrage de Piccinni, tout ce qu’il comporte de novateur à une époque où l’on sort de l’opéra de Rameau. Piccinni écrit de façon très différente de Gluck ; deux tendances vont s’affronter par la suite en France avec les héritiers de Gluck et ceux de Piccinni. Cet Atys était la meilleure manière d’illustrer ce que nous souhaitons réaliser à Sinfonia en Périgord avec le concours du Palazzetto Bru Zane. Sinfonia est certes un festival baroque mais il s’inscrit dans la manière dont le Palazzetto aborde le répertoire de la fin du XVIIIe au début du XXe siècle. La volonté de remettre en lumière un Piccinni, un Félicien David, un Alkan, etc., de faire découvrir de vraies pépites au public, s’accompagne d’une façon d’entrer dans la musique un peu comparable à celle avec laquelle un Harnoncourt, autrefois, est entré dans le baroque, avec le respect, l’intelligence et la recherche musicologique suffisante pour mener à bien un vrai travail sur la sensibilité. »
Inutile de préciser que, grâce au Palazzetto Bru Zane, de belles découvertes s’annoncent pour les années à venir à Sinfonia en Périgord, que ce soit dans le cadre du Festival ou celui des concerts proposés durant la saison.

Alain Cochard

23ème Festival Sinfonia en Périgord
Du 26 au 31 août 2013
Périgueux, Chancelade, Coulonieix-Chamiers
www.sinfonia-en-perigord.com

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Photo : A. Laveau
 

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