Ancienne capitale fédérale, Bonn reste à ce jour la terre de naissance du titan Beethoven, emblème d’humanité et de liberté créative, dont la statue sur la Münsterplatz règne depuis 1845 comme une divinité tutélaire. Sa musique y a résonné tant et tant dans la Beethoven Halle, emblématique des années 1950, conçue par l’architecte Siegfried Wolsker, élève de Hans Sharoun, qui lui avait enfanté la Philharmonie de Berlin ! Le temps a passé et la grande et belle salle, inaugurée le 8 septembre 1959, s’était dégradée. La voici rénovée après neuf années de travaux gérés par plus de 2000 artisans et ouvriers, et prête à résonner encore de ces œuvres qui font la gloire de la ville et de l’Allemagne. Un plafond hors normes remis à neuf, de belles boiseries rafraîchies, une acoustique sur laquelle les plus hauts spécialistes ont uni leurs efforts, un lieu lumineux, que les autorités ont voulu le plus convivial possible et modulable, avec notamment une petite salle consacrée à la musique de chambre, et désormais accessible aux 1700 spectateurs depuis les berges du Rhin.

La Grande Salle de la Beethovenhalle © Beethovenhalle Bonn
 

De Beethoven à Mahler
 
On testera cette renaissance le jour anniversaire de la naissance de Beethoven, ce 16 décembre, en une énorme fête à laquelle nombre de personnalités assisteront, ce qui impliquera un service d’œuvre colossal, avec chiens renifleurs, et des heures d’attente dans la salle avant que ne se lève la baguette de Dirk Kaftan (photo), directeur musical de la ville et chef du Beethoven Orchester Bonn : pour un programme dont on ne ressentira sûrement pas la longueur, puisque commencé sur l’Ouverture des Créatures de Prométhée,op. 43, il se finira sur la Symphonie n°2, « Résurrection » de Mahler avec les interventions vocales de Katerina von Bennigsen. Quoi de plus fort comme symboles !
Entre temps, on aura eu droit, joué par le pianiste Fabian Müller, au 4^e Concerto op.58 du « bonnois », comme on disait dans les anciennes encyclopédies, et à une création de la compositrice croate Sara Glojnarić, qui fait des étincelles partout où elle projette son art mâtiné de pop music, ce pour marquer l’ouverture de l’engagement de la ville vers des horizons musicaux nouveaux. Evénement fastueux, qui rendra justice à l’un des plus grands génies de tous les temps.

Voyage beethovénien avec Bernard Fournier
 
Et si l’on n’a pas la chance de participer à ces réjouissances, on pourra pour compenser se plonger dans le beau voyage que Bernard Fournier propose dans l’univers du compositeur (1), sous forme d’une sorte d’abécédaire : jubilatoire sans excès, formidablement documenté par un auteur qui a pratiquement consacré sa vie à Beethoven. Le maître revit dans ses bizarreries, son environnement, son comportement, l’essentiel de ses œuvres. Tout est clair, élégant et éclairant dans ces pages. Et comment ne pas participer de la tendresse de l’auteur pour son sujet puisqu’il recommande, parmi la foule d’ouvrages consacrés au compositeur, celui de Romain Rolland, si inspiré !
  
Jacqueline Thuilleux