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La Nuit n’est jamais complète de Camille Pépin en création mondiale à Aix-en-Provence – L’espoir au bout du chagrin – Compte rendu

Co-commande du Grand Théâtre de Provence, commanditaire principal, et de l’Orchestre Philharmonique Royal de Liège, La Nuit n’est jamais complète, pièce pour orchestre de Camille Pépin, vient d’être créée à Aix-en-Provence par l’OPRL placé sous la direction de Renaud Capuçon.
« Il y a toujours, au bout du chagrin, une fenêtre éclairée… Une vie : la vie à se partager. » S’inspirant de La Nuit n’est jamais complète, l’un des Derniers poèmes d’amour de Paul Eluard, Camille Pépin a composé une œuvre porteuse d’espoir en ces temps chaotiques qui secouent notre monde. Il y a toujours, au fond des ténèbres, une lumière, la vie. La nuit est là, portée par les cordes inquiétantes dont le crescendo répétitif arrive jusqu’à la violence de l’inquiétude avec des tutti superbement construits autour des bois, des cuivres et des percussions. Après un moment d’apaisement, l’anxiété rejaillit puis s’estompe, la paix des cordes ressemble alors à une lointaine lumière.

Onirisme et intensité
A la tête d’un orchestre de Liège attentif, précis et coloré avec des cordes soyeuses, des vents tour à tour tranchants et sensibles, des percussions à la puissance maîtrisée, Renaud Capuçon livre une lecture procurant sa dimension onirique et son intensité à la musique. Il est vrai qu’il connaît l’univers de la jeune femme puisqu’il a créé, il y a deux ans, Le Sommeil a pris ton empreinte, concerto pour violon et orchestre, et que la compositrice française a signé une pièce pour violon et piano, Si je te quitte nous nous souviendrons, qu’il a créée à Aix-en-Provence en compagnie de Guillaume Bellom. A l’issue du concert, Camille Pépin nous a confié que La Nuit n’est jamais complète a été pensée pour servir de prélude à son concerto pour violon.

Un Richard Strauss rare
Après le Concerto pour violon et orchestre n°4 de Mozart, dirigé de l’archet, les qualités et le son très « rhénan » de l’orchestre ont fait merveille au long d’une seconde partie de concert consacrée à Wagner et à Richard Strauss, toujours sous la direction de Renaud Capuçon qui semble avoir trouvé ici un répertoire d’excellence. Tout en rondeur et en élégance, Siegfried Idyll a séduit l’auditoire de même que les quatre interludes symphoniques tirés de l’Intermezzo de Richard Strauss – compositeur que l’on sait particulièrement cher au cœur de Renaud Capuçon –, hélas peu joués, tout comme l’opéra (de 1924) dont ils sont tirés. Pour beaucoup cette interprétation fut une belle découverte, les couleurs de la phalange liégoise apportant une dimension ludique, attrayante et chaleureuse à des pages bénéficiant d’une direction précise et soutenue.
Michel Egéa

> Les prochains concerts au Grand Théâtre de Provence <
Aix-en-Provence, Grand Théâtre de Provence, 23 octobre 2025
© Claire Gaby
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