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« Vertige de l’hélice » de Vincent Borel (roman) – Un amour canarien

 

Le 16 décembre marque précisément le centenaire de la disparition de Camille Saint-Saëns : le bilan de cette année d’hommage au compositeur français s’avère très positif, qu’il s’agisse des concerts, des enregistrements (dans le domaine chambriste en particulier), de deux expositions (au Palais Garnier et à Dieppe) ou du lancement des cahiers de la Société Saint-Saëns (dont le n° 2 comprend un bel hommage – tellement justifié ! – au musicologue Yves Gérard). Certes rien qui s’apparente aux avalanches du publications et d’événements qui accompagnent un anniversaire Mozart ou Chopin, mais une moisson très qualitative à laquelle on s’en voudrait de ne pas ajouter le roman de notre collaborateur Vincent Borel : « Vertige de l’hélice ».
Si 2021 nous a beaucoup appris sur l’auteur d’Ascanio, sa vie sentimentale et sexuelle demeure très mystérieuse, ouvrant la porte à quantité de supputations (confortées par les maîtres chanteurs auxquels Saint-Saëns eut affaire durant son existence). Vincent Borel mise sur l’homosexualité de l’illustre compositeur et imagine une idylle aux Canaries – où, de fait, Saint-Saëns s’est rendu à de nombreuses reprises et a trouvé quelques unes de ses plus belles inspirations (le génial 1er Quatuor entre autres). Outre le bonheur lecture que sa plume procure, toute la réussite de l’auteur tient à ce qu’il est parvenu à situer le fruit de son imagination dans un cadre biographique d’une parfaite exactitude. L’épisode canarien n’est qu’un aspect d’un ouvrage qui remonte dans le temps et, du fait de l’hypothèse sur laquelle il s’appuie, parvient à des conclusions parfois très troublantes (sur la signification du Requiem op. 54 par exemple).
Quant à la charmante dédicataire de la Valse canariote, elle a bien existé et en a un peu pincé pour celui qui celui voyageait sous le nom de Charles Sanois – et se faisait passer pour ... un marchand de vin ! – mais ... l’histoire n’est peut-être pas aussi simple que cela ...
Un roman plein de soleil, d’azur, de sensibilité et d’humour parfois mordant, avec en particulier quelques jolies piques en direction du monde opératique parisien.
 
Alain Cochard
14/XII/21

V. Borel : Vertige de l’hélice – Sabine Wespieser - Editeur (220 p., 19€)

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