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Une interview d’Oriol Aguilá, directeur du Festival Castell de Peralada – Diversité et excellence
La 29ème édition du Festival Castell de Peralada s’étend cette année du 10 juillet au 15 août. Comme tous les ans, les grands noms du lyrique, mais aussi de la danse, de la chanson, du théâtre et de la poésie ont répondu favorablement à l’invitation d’Oriol Aguilà, heureux directeur de cette grande manifestation culturelle catalane. A quelques jours de l’ouverture du festival, ce dernier a bien voulu répondre à nos questions.
Malgré la crise et les difficultés économiques qui menacent chaque année de nombreuses institutions culturelles, en Espagne et dans toute l’Europe, le Festival Castell de Peralada tient bon. Comment parvenez-vous à concilier le niveau artistique et à gérer au mieux un budget forcément contraint ?
Oriol AGUILÁ : Au cours de ces années de crise et de diminution des ressources, nous avons moins été sujet à la dépendance des subventions publiques, tout simplement parce que notre festival est essentiellement privé et qu’il existe grâce à un mécénat unique et très singulier qui émane de la famille de notre Présidente, Carmen Mateu de Suqué. C’est cet encouragement, qui prend sa source dans l’initiative privée, qui a permis depuis toutes ces années de maintenir le niveau d’excellence qui caractérise le festival.
L’une des forces de cette manifestation tient à une programmation multiculturelle de qualité (danse, opéra, poésie, chanson, théâtre…), mais également sur la beauté de son site : comment et qui a eu l’idée de transformer ce village fortifié en festival ?
O. A. : C’est en effet un lieu vraiment unique qui dispose d’un parc à la française conçupar le paysagiste Duvilliers. L’enceinte médiévale accueille l’auditorium en plein air, ainsi que d’autres espaces plus intimes conçus pour des projets plus délicats. Nous bénéficions d’un environnement extraordinaire où se mêlent paysages variés, culture, gastronomie sans oublier les vignobles. La Méditerranée et Dalí font de l’Ampurdan et de la Costa Brava une enclave idéale pour un festival comme le nôtre. Pendant l’été, la population de Peralada respire le Festival par tous les pores … Ce sont ces bases et l’endroit lui-même qui ont donné lieu à un Festival qui lève le rideau depuis 29 ans déjà.
Chaque été depuis 1987, les plus grands interprètes répondent à l’invitation du Festival : hier Caballé, de Los Angeles, Domingo, aujourd’hui Kaufmann, Carlos et Marcelo Alvarez, Ciofi, Radvanovsky sont des habitués. Quel est votre secret pour les attirer dans cet endroit préservé de Catalogne ?
O. A. : Le Festival est né grâce Montserrat Caballé et cela a marqué ses débuts. Les chanteurs adorent se rendre à Peralada : l’endroit, l’accueil, la chaleur du public et la tradition sont de merveilleux atouts. L’esprit familial qui y règne est contagieux et les artistes apprécient cela en savourant des conditions de travail singulières qu’ils ne retrouvent pas ailleurs. Le public et les artistes se sentent vraiment comme chez eux au Festival. De plus, Peralada est le festival vocal de notre pays et la passion qui se dégage fait que les chanteurs sont plongés dans une atmosphère très particulière.
Quelles sont les qualités principales que doit posséder un directeur de festival comme celui dont vous avez la charge ?
O. A. : Je crois qu’il faut comprendre l’esprit du festival, respecter la tradition et y insérer avec délicatesse une touche de rénovation et de modernité. Il s’agit de mettre à jour l’identité de cette manifestation tout en la fondant sur l’excellence artistique. Nous sommes le classique de l’été en Catalogne et en Espagne et nous avons toujours cette donnée à l’esprit. Je veille à faire cohabiter l’opéra et la création contemporaine en passant de fréquentes commandes qui font partie des objectifs de mon mandat.
L’édition 2015 accueillera, entre autre, une représentation de l’Otello de Verdi interprétée par le ténor Grégory Kunde, en compagnie de Carlos Álvarez et de Eva-Maria Westbroek : comment avez-vous imaginé ce projet et réuni sa distribution ?
O. A. : La première fois qu’Otello de Verdi a été joué à Peralada, c’était avec le duo Plácido Domingo et Valery Gergiev. C’est dire si la barre était haute et nous ne pouvions pas faire moins. Comme l’année dernière avec Andrea Chénier, nous avons souhaité présenter une nouvelle production signée cette fois par Paco Azorín et construite à Peralada. Grégory Kunde incarne véritablement aujourd’hui l’Otello des temps modernes et il a révélé des qualités exceptionnelles de chanteur et de comédien. Dans la conception de la production, Iago est l’authentique maître de cérémonie et il n’y a pas de meilleur choix que Carlos Álvarez pour camper pareil personnage. Eva-Maria est également ravie de venir interpréter Desdemona qu’elle n’a pas eu l’occasion de chanter ces derniers temps. Et comme en d’autres occasions à Peralada, l’Orchestre et les Chœurs du Grand Théâtre du Liceu seront dirigés par le chef Riccardo Frizza.
Qu’aimeriez-vous mettre en place à Peralada dans les cinq prochaines années ?
O. A. : Renforcer l’opéra et la danse que je considère comme les deux pilliers du festival et qui constituent son identité. Pour ce faire, il faudrait pouvoir développer le mécénat en Espagne grâce à une loi inspirée de la législation française : pourquoi ne pas imaginer de transposer la Loi Aillagon chez nous…? Sans cela, il sera difficile de maintenir le mécénat privé que nous recevons à un niveau aussi élevé. En 2016, nous fêterons les 30 ans ininterrompus du festival. Nous révélerons bientôt le thème du programme et présenterons une partie des célébrations. Et pour plus tard, nous caressons de nombreux rêves comme celui de programner, entre autres, Die Zauberflöte.
Propos recueillis par François Lesueur, le 10 juillet 2015
29ème Festival Castell de Peralada
Du 10 juillet au 15 août 2015
Espagne (Catalogne) - Peralada
www.festivalperalada.com/ca/
Photo Oriol Aguilá © Shooting - Miquel González
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