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Une interview d’Eric Le Sage, co-fondateur du Festival de Salon-de-Provence : « Nous sommes encore pleins de désirs ...»

Au terme de sa 27ème édition, le Festival International de Musique de Chambre de Salon-de-Provence confirme son ancrage dans le paysage estival et musical provençal. Rencontre avec le pianiste Eric Le Sage, co-fondateur de la manifestation avec le flûtiste Emmanuel Pahud et la clarinettiste Paul Meyer.

Le rideau est tombé sur la 27ème édition ; quel en est le bilan ?

Eric LE SAGE : C’est une très bonne édition. Dix jours et 20 concerts, soit deux de moins que l’an dernier, et nous avons enregistré une progression de fréquentation confirmant la tendance à la hausse observée depuis trois ans. Nous sommes aussi très heureux du succès des rendez-vous au sein de la chapelle de l’Abbaye de Sainte-Croix. L’acoustique y est excellente et la jauge idéale. De plus, le partenariat établi avec les propriétaires des lieux permet de proposer le concert suivi d’un déjeuner et la formule plait aux festivaliers. Artistiquement, cette édition a confirmé la qualité de la jeune génération de musiciens puisque quelques uns qui s’y sont produit n’étaient pas nés lorsque nous avons décidé de créer ce festival…

Quelles sont, d’après vous, les recettes du succès ?

E. L.S. : La première c’est que nous avons réussi à maintenir l’esprit du début qui nous a poussés, Paul, Emmanuel et moi, à créer ce festival. C’était la joie et le bonheur de faire de la musique ensemble et d’inviter les copains à se joindre à nous dans une ambiance conviviale et familiale. Puis nous n’avons eu de cesse de mettre en place des programmes cohérents et agréables pouvant satisfaire le public. Au fil des ans,  un noyau de fidèles s’est constitué, à Salon-de-Provence, puis un peu partout, et il ne cesse de grossir. Par exemple cette dizaine de japonais qui prennent leurs vacances pour venir au festival…

Concernant la programmation, comment travaillez-vous ?

E. L.S. : Avec Paul et Emmanuel, nous déterminons de grandes lignes ; après, le challenge est de laisser les musiciens que nous invitons choisir ce qu’ils ont envie de jouer, notre rôle étant de composer les ensembles pour que tout soit bien cadré. Mais nous tenons beaucoup à ce que les solistes choisissent les œuvres. Nous sommes curieux et il faut partager la curiosité. C’est aussi valable en ce qui concerne la musique contemporaine. Nous essayons de la faire découvrir par petites doses au sein de programmes variés. Le public est prêt à l’entendre.

Comment choisissez-vous les solistes ?

E. L.S. : En fait, celles et ceux qui ont envie de venir nous le demandent. Pendant ce festival nous formons comme une communauté qui vit, parfois en famille, travaille, se restaure, passe des bons moments au cœur de la nature provençale. La seule condition d’entrée est d’accepter ce mode de fonctionnement amical qui fait que nous avons une bonne réputation. Puis nous invitons aussi de jeunes solistes que nous connaissons ou qui nous sont recommandés. Le fait de leur proposer de jouer en concert à Salon est important pour eux. Heureusement car nos conditions financières sont ce qu’elles sont…

Parlons donc finances… et logistique. Comment faites vous pour réussir ce festival ?

E. L.S. : Tout d’abord, nous avons la chance d’être soutenus par la ville de Salon-de-Provence depuis le début. Les municipalités se sont succédées mais nous ont toujours apporté un indéfectible appui. Mettant notamment à notre disposition une très efficace équipe technique, son et lumière, composée des mêmes personnes depuis vingt-cinq ans. Puis il y a des bénévoles, les Amis du Festival, qui nous aident notamment pour l’accueil. Enfin, nous travaillons en bonne intelligence avec quelques mécènes qui ne nous imposent rien en matière de programmation. Vous savez, pour être libre il faut être très riche ou très pauvre. Nous, nous sommes pauvres et libres…

Quel programme pour l’année prochaine ?

E. L.S. : Je suis incapable de vous le dire. Pour nous, chaque année est la dernière ; ici tout fonctionne à l’envie et actuellement nous discutons de la 28ème édition. Ce que je peux vous dire c’est que nous poursuivrons la découverte de compositrices. Et même s’il y a des talents qui pourraient prendre notre place à la direction du Festival, pour l’instant notre succession n’est pas ouverte ! Nous sommes encore pleins de désirs Paul, Emmanuel et moi-même.

Propos recueillis par Michel Egéa le 5 août 2019

En coréalisation avec le Théâtre Municipal Armand, le Festival de Salon-de-Provence organise les Scènes Intérieures, soit quatre rendez-vous répartis sur l’année / festival-salon.fr / Théâtre Armand 04 90 56 00 82

Photo © Franck Juery

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