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​Tugan Sokhiev et l’Orchestre national du Capitole de Toulouse inaugurent le 8e Festival Palazzetto Bru Zane – Grand souffle – Compte-rendu

2021 célèbre le centenaire Saint-Saëns et le Palazzetto Bru Zane n’a pas manqué de réserver une belle place au compositeur à l'affiche de son 8Festival parisien. Confié à l’Orchestre national du Capitole de Toulouse et à son directeur musical, Tugan Sokhiev (photo), le concert inaugural est d’ailleurs entièrement consacré à un créateur dont on entend d’abord une page rare : l’ouverture de la Princesse jaune (1872). Méconnue, cette pièce l’est sans doute pour pas mal d’auditeurs, mais plus du tout pour les musiciens toulousains qui ont enregistré en février dernier l’intégralité du premier ouvrage lyrique de Saint-Saëns sous la direction de Leo Hussain pour la collection Opéra Français du PBZ (avec Mathias Vidal et Judith van Wanroij).(1) On comprend dès lors l’aisance avec laquelle ils se glissent dans une musique dont Sokhiev soigne les coloris et l’exotisme d’un geste aussi souple que sensuel.
 

Victor Julien-Laferrière © Jean-Baptise Millot
 
Hasard de la programmation, Victor Julien-Laferrière, qui nous a offert en mars dernier un très beau Concerto n°1 de Saint-Saëns sous la direction de Julien Masmondet lors d’un remarquable concert en streaming de l’Orchestre de Paris (2), est de retour pour cet ouvrage au côté du l’Orchestre du Capitole. Une fois de plus, on est admiratif de la maîtrise et du naturel de son archet, de sa fluidité dans une partition qu’il explore avec une virtuosité sans effet et une sensibilité pleine de tact (superbe Allegro con moto), les couleurs assez fauves que la direction de Sokhiev imprime à l’orchestre apportant une part de secret, très convaincante, à un opus plein de fantaisie.
 
Michel Bouvard © DR

Les occasions d’entendre sonner le splendide orgue Rieger de la Philharmonie, que ce soit en solo ou dans le cadre symphonique, sont bien trop rares ; autant dire qu'on accueille avec bonheur la 3ème Symphonie «avec orgue» sous la baguette de Sokhiev. Le chef collabore pour l’occasion avec Michel Bouvard, qui a plus d’une fois été son partenaire dans cet ouvrage. Architecte autant que maître coloriste – et de quelle riche palette dispose-t-il avec une formation qu’il façonne depuis une bonne quinzaine d’années ... – le maestro déploie l'Opus 78 avec un souffle généreux, s’appuyant sur un orgue qui, littéralement, sort des entrailles de la salle. Le résultat s’impose, ardent, parfaitement lisible (que de magnifiques interventions du côté de la petite harmonie !), d’une évidence aussi saisissante que dénuée de tape-à-l’œil.
Les enthousiastes applaudissements de l'auditoire sont gratifiés d’une 1ère Gymnopédie de Satie (orchestrée par Debussy) que Sokhiev mue en un véritable rêve éveillé où les timbres se fondent de whistlerienne manière.
 
Prochain rendez-vous Saint-Saëns du Festival PBZ à la Philharmonie le 15 juin avec le « Tour du monde de Saint-Saëns », une séduisant programme confié à l’orchestre Les Siècles de François-Xavier Roth dont les solistes seront Renaud Capuçon et Bertrand Chamayou. 
 
Alain Cochard

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