Nommé fin 2023 à la tête du Festival international de Musique de Dinard, Yann Ollivier (photo) a depuis l’an passé donné une nouvelle orientation à une manifestation qui s’est déplacée de la période estivale à l’automne. Concertclassic a interrogé le directeur artistique à l’approche d’une 36e édition programmée du 28 octobre au 1er novembre.

 
Depuis votre arrivée à Dinard, le Festival international de musique est devenu un festival d’automne. Avec quels objectifs avez-vous pris sa direction artistique ?
 
Il y avait à l’origine une demande de diversité de la part de la municipalité. 2024 correspondait à la 35^e édition du festival et je n’ai pas du tout eu envie de faire dans le cérémonial à l’occasion du franchissement de ce cap. J’ai préféré prendre le contre-pied, pour mettre les projecteurs sur la jeune génération de musiciens et la faire découvrir aux mélomanes – qui, dans quelques années, pourront se dire : la première fois que j’ai entendu cet artiste, c’était à Dinard ! L’accordéoniste Théo Ould, par exemple, figurait dans la programmation du 35e Festival et a beaucoup fait parler de lui depuis. La pianiste Ninon Hannecart-Segal était également présente l’an passé. Je reste fidèle à cette orientation cette année et, si quelques aînés sont invités, on pourra à nouveau découvrir pas mal de jeunes musiciens.

 
La 36e édition s’intitule «Voyages d’automne »et témoigne d’une grande diversité dans ses propositions. Peut-on toutefois distinguer un fil rouge ?
 
Il y en a deux en fait. La mélancolie de l’automne me faisait penser à Schubert, ce compositeur sera présent pour trois concerts : en musique de chambre avec le violoncelliste Pierre Fontenelle et Jodyline Gallavardin (1) au piano, avec la chanteuse Noëmi Waysfeld et Guillaume de Chassy et lors du concert de clôture intitulé « Voyage au bout de la nuit », où l’on retrouvera Noëmi Waysfeld, Jodyline Gallavardin et Pierre Fontenelle, auxquels d’associeront la Quatuor Voce et l’altiste Maud Chauvet.
Schubert a été beaucoup utilisé par le cinéma. Stéphane Lerouge, que j’ai connu à l’époque où j’étais en activité chez Universal, grand spécialiste de la musique de film – l’autre fil rouge du 36e festival – sera présent. Il participera à une rencontre autour de Michel Legrand, et aussi à un récital avec le pianiste Guillaume de Chassy sur le thème « La Nouvelle Vague ... et après ». Quant à Jodyline Gallavardin, elle donnera un récital, dans une ambiance un peu Halloween, avec un programme mêlant des compositeurs classiques à d’autres ayant écrit pour le cinéma.
 
Mais tout ne se réduit pas à ces fils rouges puisque l’on trouve de la danse, avec la Compagnie Chicos Mambos et aussi une soirée d’opérette, en partenariat avec Génération Opéra, ou un « Voyage dans le temps » avec la Compagnie Sensible qui nous plongera dans l’ambiance d’une salon du début du XXe siècle, à l’orée du mouvement de renaissance des instruments anciens.
Après la réussite de l’an passé avec le violoniste Thomas Briant, nous renouvelons l’expérience musique et vin : c’est Pierre Fontenelle qui, cette fois, s’associera à Christian Stévanin, maître sommelier, pour un concert-dégustation.

Quid de l’offre en direction du très jeune public ?
 
Deux rendez-vous sont à signaler. Tout d’abord, pour les jeunes auditeurs comme leurs parents, « Les Lavandières de  la Nuit » par le Chœur de chambre Mélisme(s), formation installée à Rennes que dirige Gildas Pungier. C’est d’ailleurs à Rennes que j’avais découvert, et beaucoup aimé, ce programme, monté avec la participation de Marthe Vassallo, conteuse et chanteuse bretonne qui explore des thèmes présents dans La Légende de la Mort d’Anatole Le Braz.
Il y aura par ailleurs deux représentations d’ « Au jardin de Papagena », spécialement conçu pour les tout petits, de 0 à 4 ans. Un spectacle gratuit donné à la médiathèque, qui fait beaucoup en direction des jeunes. Dinard a une vie culturelle très active, on y trouve un Festival du film Britannique & Irlandais, mais aussi d’autres manifestations musicales, dont le Festival Jeux de vagues au printemps (organisé par Emmanuel Mercier et Brigitte Dechin), que j’aime beaucoup et où j’essaie d’aller à chaque fois.
 
Propos recueillis par Alain Cochard, le 10 octobre 2025