Journal
Andalousie de Francis Lopez à l’Odéon de Marseille – Amour et castagnettes – Compte rendu

L’opérette, à Marseille, fait partie du patrimoine culturel populaire. Pour preuve la salle de l’Odéon, en haut de la Canebière, qui vient d’accueillir deux représentations à guichets fermés de l’ouvrage de Francis Lopez, Andalousie et une générale qui unissait les générations puisque enfants des écoles et personnes âgées y étaient conviés à partager une joyeuse ambiance.
Andalousie rime avec jalousie… La jalousie de Dolorès à l’endroit de Juanito qu’elle soupçonne de fricoter avec la cantatrice Fanny Miller, la jalousie de Valiente envers Juanito qu’il soupçonne, lui aussi, d’être l’amant de la femme qu’il aime, Fanny ! Ajoutez à cela le côté caliente de Pilar qui cherche l’homme de sa vie, les envies de Pepe, l’aiguiseur de couteaux, de satisfaire cette dernière, la joyeuse folie de Greta, toutes tresses dressées, qui arrive sur scène sur l’air de la chevauchée des Walkyries, et vous obtenez le pitch…
L’intrigue, on l’aura compris, ne brille pas par sa complexité et le livret n’a pas reçu de prix ! Mais qu’importe ; sur la lancée de La Belle de Cadix Francis Lopez enchaîne avec un nouveau triomphe dès la création d’Andalousie en 1947 à la Gaieté Lyrique. Soixante-dix-huit ans plus tard, le succès est encore au rendez-vous à Marseille.

Sébastien Lemoine & Laurence Janot © Christian Dresse
Elégance et bon goût
C’est Carole Clin qui signe la mise en scène de cette nouvelle production. La dame connaît les contraintes de l’exercice au cœur d’un lieu exigu et ne déroge pas, une fois de plus, à l’élégance et au bon goût qui président à son travail, résistant aux jeux de mots faciles et aux situations exagérément loufoques. Ce qui permet à Julia Knecht d’exprimer sa jalousie avec réalisme, dans le jeu et dans son chant, mâtiné d’acidité puis avec un peu plus de rondeur une fois l’amour retrouvé. Laurence Janot incarne une Fanny Miller aux nuances cougar, d’une élégance sans faille, à la voix chaude et sensible. La Pilar de Julie Morgane (photo à dr.) se montre délicieusement coquine, toujours vive sur scène et enjouée vocalement et la Greta de Perrine Cabassud, à l’entrée très « walkyrienne », apporte à l’ouvrage son lot de délire avec maîtrise. Anny Vogel (Dona Victoria) et Christine Tumbarello (la gitane) complètent idéalement la distribution féminine.
> Voir un extrait d'Andalousie au Théâtre de l'Odéon de Marseille <

© Christian Dresse
Chorégraphies bienvenues
Du côté des hommes, Jérémy Duffau campe un Juanito convaincant, séducteur n’ayant d’yeux et de sentiments que pour Dolorès, ligne vocale précise, chaleureuse et colorée. Le Pepe de Nicolas Soulié (photo à g.) n’en fait jamais trop, maîtrisant son rôle sans se départir d’un humour de bon aloi et Sébastien Lemoine est un Valiente noble et intelligent au timbre sombre et généreux. Damien Barra (Sereno), Didier Clusel (Boedeker) et Cedric Brignone (Caracho) s’inscrivent dans la même lignée de qualité scénique et vocale, tout comme Jean-Luc Epitalon (commissaire et aubergiste), Rémi Chiorboli et Jean-Michel Muscat (consommateur(s) et alguazil(s)). Toutes castagnettes et claquettes dehors, Annabelle Richefeu, Sophia Aulat, Lorena Debray et Sabrina Llanos, en compagnie de Felipe Calvarro, qui signe aussi les chorégraphie, ont ravi l’assistance et obtenu un vif succès.

Perrine Cabassud, Nicolas Soulié & Julie Morgane © Christian Dresse
Chœur et orchestre : un nouveau souffle
Ce sont désormais les musiciens et le chœur de l’opéra qui œuvrent dans la fosse et sur scène à l’Odéon apportant un nouveau souffle et du volume à l’interprétation des œuvres proposées. Ce dont profite ici Didier Benetti dont la direction mets en valeur les couleurs et la chaleur d’une partition de qualité, tout en conservant un son « années 50 » qui sied à merveille à l’ouvrage. Quant au chœur, préparé avec soin par Florent Mayet, il est composé d’une trentaine de membres ce qui lui procure une belle ampleur, tout en le rendant plus difficile à travailler scéniquement eu égard à l’étroitesse des lieux… Mais au moment du bilan, le positif est largement devant, c’est ce qui importe. On attend désormais avec impatience les Violettes impériales de Vincent Scotto en janvier.(1) Caroline Clin et Didier Benetti seront à nouveau à l’œuvre !
Michel Egéa

(1) opera-odeon.marseille.fr/programmation/violettes-imperiales
Francis Lopez : Andalousie – Marseille, Odéon, 30 novembre 2025
© Christian Dresse
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