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Si Grieg m’était conté


La musique scandinave est gâtée en cet automne à Paris ! On écrit ces lignes encore sous le choc du prodigieux volet initial de l’intégrale des symphonies de Sibelius par le Los Angeles Philharmonic en état de grâce sous la baguette d’Esa-Pekka Salonen. A côté de ce cycle très médiatisé – à juste titre ! –, il est d’autres événements plus confidentiels qui méritent l’attention du mélomane, telle la soirée Grieg qu’accueille la salle Cortot le 12 novembre.

Si la musique de Sibelius a mis du temps à trouver sa place chez nous – d’ailleurs, la question est-elle définitivement réglée ? –, celle d’Edvard Grieg y fut très appréciée dès la fin du XIXe siècle. Elle effectua en effet une percée remarquable durant les années 1890 et le compositeur et son épouse Nina (chanteuse mais aussi excellente pianiste) eurent plusieurs occasions de se produire à Paris – jusqu’à ce que les prises de position de Grieg en faveur du capitaine Dreyfus viennent perturber une relation jusqu’alors assez idyllique avec la France…

Paris n’a pas célébré à l’excès le centenaire de la disparition du musicien de Peer Gynt et l’on ne peut que se féliciter de l’initiative du pianiste Daniel Propper (photo). Suédois, ce dernier entretient de profondes affinités avec l’univers du compositeur norvégien. Enregistré il y a quelques années pour Ogam, son beau récital Grieg a hélas disparu des catalogues, mais on s’en console avec la mise en route d’une intégrale des Pièces lyriques dont le volume 1 (cahiers nos 1 à 4) vient de paraître (Skarbo).

Des Pièces lyriques figurent bien évidemment au programme du 12 novembre, mais afin que la plongée dans l’univers si poétique et attachant de Grieg soit plus complète, D. Propper y a adjoint des mélodies qui seront chantées par la mezzo Klara Csordas – d’aucuns se souviennent peut-être de son enregistrement très réussi des mélodies de Bartok avec Adrienne Krausz au piano (pour le label Pyramid en 1994).

Entre les plages musicales de la soirée, le comédien Pierre Santini lira quelques textes relatifs à l’existence d’un créateur que Maurice Ravel, de passage à Oslo en 1926, saluait en ces termes : « Le génération des compositeurs français qui est la mienne s’est sentie très attirée par sa musique. Plus qu’à tout autre compositeur – exception faite de Debussy – c’est à Grieg que je me sens apparenté. »

Autant dire que Paris devait bien cet hommage à Edvard Grieg.

Alain Cochard

Festival Grieg à la salle Cortot. D. Propper (piano), K. Csordas (mezzo-sop.), Pierre Santini (narrateur). Lundi 12 novembre à 20h 30. Rés. : 09 52 32 62 02.

Photo : DR

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