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Sergey Khachatryan et Andris Nelsons à l’Orchestre de Paris - Entre intimité et grandeur épique - Compte-rendu

Le chef letton Andris Nelsons (un disciple de Mariss Jansons) est, à 33 ans, une valeur montante de la direction d’orchestre. Depuis 2008, il occupe le poste de directeur musical du City of Birmingham Symphony Orchestra, et depuis deux ans il dirige Lohengrin au Festival de Bayreuth avec un incontestable succès.

Dans ce programme de l’Orchestre de Paris où le Concerto pour violon de Beethoven voisine avec la Symphonie alpestre de Richard Strauss, il montre de bout en bout un élan, un dynamisme, une force de persuasion très impressionnante. Face à l’interprétation raffinée, toute en sveltesse et en délicatesse, du jeune et brillant violoniste arménien Sergey Khachatryan, les tutti d’orchestre paraissent souvent surdimensionnés. Cette approche qui pourrait paraître diamétralement opposée à celle du soliste s’attache pourtant à dégager les moindres détails enfouis dans la partition. Sans jamais perdre le sens de la ligne, Khachatryan sait ménager des moments de pure poésie (quitte parfois à suspendre le temps) et les cadences des mouvements extrêmes (celles de Kreisler) sont animées d’un superbe éclat. L’Adagio devient un moment de rêve et de pure méditation. En bis, la Sarabande de la Deuxième Partita de Bach ne tient pas compte des recherches baroques mais possède une expressivité, un galbe souverain et une plénitude rayonnante qui rejoignent les interprétations des grands maîtres du passé(1).

Dans la Symphonie alpestre, l’exaltation de l’orchestre est à son comble. Sous la battue large et engagée d’Andris Nelsons, tous les musiciens participent à ce somptueux parcours au sein d’une nature en pleine effervescence. Plus attaché aux différentes étapes de cette fête panthéiste qu’à l’architecture proprement dite, sa vision puissante mais pleine de lyrisme et de couleurs enflamme un orchestre porté à son zénith sous les appels des cuivres et des bois. Un nouveau concert de l’Orchestre de Paris à marquer d’une pierre blanche.

Michel Le Naour

(1) Rappelons que Sergey Khachatryan a signé une superbe intégrale des Sonates et Partitas pour Naïve (V 5181)

Paris, Salle Pleyel, 18 janvier 2012

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Photo : DR
 

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