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Royal Palace et Il Tabarro mis en scène par Marie-Eve Signeyrole à l’Opéra de Montpellier – Weill surréaliste

Comme avec L’Hirondelle inattendue de Simon Laks et L’Enfant et les sortilèges de Ravel, mis en scène par Sandra Pocceschi en décembre dernier, Valérie Chevalier a décidé de conclure la saison de l’Opéra de Montpellier par un diptyque d’opéras en un acte réunissant une rareté en création française, Royal Palace de Kurt Weill, et une partition connue – bien qu’elle ne soit pas la plus jouée de son auteur - : Il Tabarro de Puccini.
Et comme lors du doublé Laks/Ravel, une metteuse en scène est à l’œuvre : Marie-Eve Signeyrole (photo). Venue du monde du cinéma, cette dernière compte déjà de très belles réussites à son actif, dont Owen Wingrave à l’Opéra national de Lorraine, « L’Affaire Tailleferre » à Limoges ou encore The Monster in the Maze de Jonathan Dove (sous la direction de Simon Rattle) l’été dernier à Aix-en-Provence.

Partenaire irremplaçable, Fabien Teigné sera une fois de plus son complice à Montpellier pour la partie scénographique (Yashi signe les costumes). On est curieux de découvrir Royal Palace, opéra élaboré en 1925 sur un livret d’Yvan Goll et créé le 2 mars 1927 au Staatsoper Berlin, dont la partie orchestrale, perdue, a été reconstituée en 1971 par Gunther Schuller et Noam Sheriff à partir du piano-chant 

Pendant les répétitions de Royal Palace © Fabien Teigné

« Un montage musical, un cadavre exquis », dit M.-E. Signeyrole d’un ouvrage « dont l’histoire n’est pas une histoire car les personnages sont des schèmes (l’amant d’hier, l’amant de demain). Seul le personnage principal féminin porte un prénom (Dejanira), mais ce rôle est transformé au fil de l’œuvre, presque désarticulé, effacé. Il s’agit d’un opéra surréaliste, post-Première Guerre Mondiale, qui peut être ancré dans n’importe quelle réalité. »

Avec Fabien Teigné, la metteuse en scène a souhaité « garder l’idée de huis clos mais, plutôt que dans un palace au bord d’un lac en Autriche, nous avons situé l’action en pleine mer après le crash d’un avion. Nous aurions pu n’établir aucun lien entre Royal Palace et Il Tabarro, poursuit-elle. Nous avons pourtant eu envie de les relier dramaturgiquement car ils présentent pas mal de points communs : des tessitures communes, les deux personnages principaux ( L’amant d’hier et Dejanira chez Weill, Michele et Giorgetta chez Puccini), la présence d’une femme entre plusieurs hommes, le thème de la finitude de l’amour, l’eau comme espace commun aux deux opéras. Royal Palace ouvre la soirée et constitue le cauchemar de Michele. D’ailleurs, l’interprète de Michele dans Il Tabarro, Ilya Silchukov, est aussi celui de L’amant d’hier dans Royal Palace.»
 
Afrique du Sud, Russie, Corée du Sud, France, Autriche : d’origines très diverses les jeunes chanteurs réunis à Montpellier offrent des personnalités contrastées que M.-E. Signeyrole entend pleinement exploiter avec Rani Calderon, un chef dont elle se sent proche «dans la caractérisation des personnages et les intentions à communiquer aux chanteurs ».

 Quatre représentations à l’affiche, dans le cadre idéal de l’Opéra Comédie.
 
Alain Cochard
(Entretien avec M.-E. Signeyrole réalisé le 26 mai 2016)

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Kurt Weill : Royal Palace / Puccini : Il Tabarro
10, 12, 14 et 16 juin 2016
Montpellier – Opéra Comédie
www.opera-orchestre-montpellier.fr
 
Photo M.-E. Signeyrole © DR

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