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Riccardo Chailly et l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig - Fièvre beethovénienne - Compte-rendu


La réalisation d’une intégrale des Symphonies de Beethoven reste toujours un défi pour les interprètes. Le Gewandhaus de Leipzig, qui fut la première formation à donner en 1825 la totalité de ces œuvres du vivant du compositeur, possède une solide expérience en matière d’interprétation beethovénienne. Riccardo Chailly, directeur musical de la phalange allemande depuis 2005) a attendu l’âge de la maturité pour livrer au disque sa propre conception, s’inscrivant dans le sillage de Toscanini dont les enregistrements l’ont toujours fasciné, mais prenant aussi en compte les apports plus récents des chefs d’aujourd’hui (Harnoncourt, Gardiner…).

Salle Pleyel, le maestro italien propose, en cinq concerts, sa vision personnelle de cet alpha et oméga de la musique occidentale et, pour bien montrer la modernité du Titan de Bonn, il y associe chaque fois une création commandée à cet effet. A l’écoute des 2ème et 5ème Symphonies, puis des 1ère et 7ème le lendemain, l’impression ressentie est celle d’une puissance contrôlée (Allegro con brio de la 5ème), d’une fièvre rythmique à la limite parfois de la rupture (final de la 7ème), d’un classicisme souverain de la ligne (Andante cantabile con moto de la 1ère). Les tempos, souvent rapides, privilégient la fluidité, l’élégance, la motricité (Allegro molto de la 2ème), les nuances sont ménagées avec une science des contrastes (Menuetto de la 1ère). Les musiciens, virtuoses, sont capables tout autant de dispenser de la musique de chambre avec une légèreté d’intonation incomparable, de manifester un sens vertigineux de la dynamique, d’embraser la matière sonore avec des cordes denses et des bois aux couleurs incandescentes et mordorées (les interventions des cors sont à se pâmer !). La lecture qu’en donne Riccardo Chailly procure un sentiment de perfection et de grandeur. Sa maîtrise technique rejoint le grand art de la synthèse.

Cette même assurance se manifeste également dans l’exécution impressionnante de précision et de tension des deux œuvres contemporaines : celle de l’Italien Carlo Boccadoro (né en 1963) intitulée Ritratto di musico (Portrait de musicien), qui revisite de manière inventive 5ème Symphonie, et celle de l’Allemand Steffen Schleiermacher (né en 1960) : Bann. Bewegung. Mit Beethovens erster (Envoûtement. Mouvement. Avec la Première Symphonie de Beethoven), architecturée, d’une belle écriture, mais plus répétitive.

On suivra avec beaucoup d’intérêt la suite de cette intégrale les 29, 30 et 31 octobre. Le vieil or de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig et le caractère brillant de la direction de son chef ne pourront qu’enflammer l’auditoire.

Michel Le Naour

Paris, Salle Pleyel, 22 et 23 octobre 2011

www.sallepleyel.fr

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Photo : DR

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