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Rennes - Compte-rendu - Orchestre de Bretagne – L’union fait la force


En matière musicale, notre belle province regorge d’énergie et d’initiatives, parfois singulières. A l’instigation de son ancien directeur, Jean-Marc Bador (nommé il y a peu à la direction de l’Ensemble Orchestral de Paris), l’Orchestre de Bretagne a opté depuis plusieurs années pour un mode de direction artistique unique en France. L’union fait la force : le projet musical de cette formation de type Mozart résultat en effet de la collaboration d’une équipe artistique composée de deux chefs, d’un compositeur et d’un pianiste. Aux côtés du chef estonien Olari Elts et du jeune Français Lionel Bringuier, on trouve ainsi le compositeur Philippe Hersant et, à partir de cette fin d’année pour deux saisons, le pianiste Franck Braley (photo).

Le programme donné il y quelques jours à trois reprises par l’Orchestre de Bretagne prenait une signification particulière dans la mesure où trois des membres de l’équipe artistique (L. Bringuier, P. Hersant, F. Braley), y étaient réunis et qu’il marquait les débuts « officiels » de la résidence du pianiste. Il y a un petit peu plus d’une décennie, un autre orchestre régional, celui de Nancy alors dirigé par Jérôme Kaltenbach, fut à l’origine de la commande des Cinq pièces pour orchestre de Philippe Hersant. Elles ouvrent le concert de l’Orchestre de Bretagne et montrent Lionel Bringuier très à son aise dans un ouvrage d’une grande concision dont il maîtrise impeccablement le relief et l’elliptique poésie.

Place à un « tube » du répertoire ensuite puisque Franck Braley donne le 21e Concerto KV 467 de Mozart. On sait gré au soliste de ne pas tomber dans les travers de certains interprètes. Il se garde d’une virtuosité trop univoque dans les mouvements vifs dont son jeu traduit le brio sans négliger les ombres et les ambiguïtés qu’ils recèlent. Quant au fameux Andante central, c’est bien un… andante que l’on y entend ! L’allant, la fluidité de cette conception n’altérant en rien le lyrisme et les demi-teintes qui font la magie du morceau.

Accueil enthousiaste d’une salle pleine à craquer, récompensée d’un Moment musical en fa mineur de Schubert, d’une aussi parfaite simplicité que ce qui l’a précédé - au piano comme à l’orchestre. A un autre auteur célèbre de conclure la soirée, Beethoven, mais avec une symphonie assez mal aimée : la 8ème. Lionel Bringuier insuffle une belle énergie à ses troupes et livre une lecture vif-argent, nette mais sans sécheresse, fringante, juvénile et pimentée de la pointe d’humour nécessaire (Allegretto scherzando).

Ne concluez surtout pas à partir de ce concert que l’Orchestre de Bretagne se cantonne au grand répertoire. Dès le début de l’année prochaine on aura la preuve de l’originalité dont sa programmation est capable avec le début de la série « Fais-moi peur »(1).

Alain Cochard

Rennes, Théâtre National de Bretagne, 17 décembre 2008

(1) www.orchestre-de-bretagne.com

> Voir l’interview vidéo de Lionel Bringuier

Photo : DR

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