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Prades - Compte-rendu - L’Europe à Prades

C’est au fil d’une programmation « européenne » que le 53e Festival de Prades offrait une soirée intitulée Opus 1957, réunissant des compositeurs issus d’Allemagne, de France et d’Italie dans l’abbaye Saint-Michel de Cuxà.

Mené par l’archet précis de Christian Altenburger, le quatuor formé pour l’occasion par Stephan Picard (violon), Alain Meunier (violoncelle) et Wolfgang Güttler (contrebasse) brossait une vision piquante de la Troisième sonate à quatre, témoignage d’un Rossini de douze ans. Au fil de la pièce, les attaques au scalpel et la sonorité quelque peu acide du Stradivarius d’Altenburger serviront de locomotive efficace à un jeu d’ensemble remarquablement équilibré, soutenu par la contrebasse savoureusement débonnaire ou égrillarde de Wolfgang Güttler.

Du point de vue des cordes, le Premier quatuor avec piano de Fauré sera l’un des moments marquants de cette deuxième semaine de festival. Superbe cohésion et fusion des timbres pour ces trois personnalités bien trempées qui déploieront un rideau impénétrable devant le clavier de Lydia Wong. La canadienne, cantonnée dans le rôle d’accompagnatrice, ne fournira malheureusement qu’un jeu aseptisé et trop en retrait face au panache de ses partenaires. Rien à faire : Mihaela Martin (violon), Nobuko Imaï (alto) et Arto Noras (violoncelle) occupent le devant de la scène et seule la verve d’un Itamar Golan, présent à Prades, aurait pu forcer le passage. Si Mihaela Martin se montrera en d’autres occasions moins fervente et précise, son archet solaire rehausse ici l’opulence sombre des cordes graves, le geste robuste de Nobuko Imaï colorant remarquablement le violoncelle franc et anguleux d’Arto Noras, dont les prestations auront marqué cette 53e édition à Prades.

Quant à l’Octuor de Mendelssohn, il offrait une place de choix aux jeunes solistes Amanda Favier et Damien Ventula. Sous l’impulsion de Gil Sharon, la formation dispense un jeu symphonique et plein d’allant, sollicitant les oppositions de masses sonores plus que la précision de la mise en place et le dialogue virtuose des pupitres. Malgré quelques décalages entre les violons de Gil Sharon et Amanda Favier, écoute mutuelle et plaisir – parfois ostensible – du jeu seront au rendez-vous pour une prestation éclairée par le sémillant violoncelle de Damien Ventula.

Nicolas Baron

53e Festival Pablo Casals de Prades, le 4 août 2004 à 21 h. Rossini : Sonate à quatre n°1, Fauré : Quatuor pour cordes et piano n°1, Mendelssohn : Octuor op.20.

Photo: DR
 

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