Journal

Paris - Werther embastillé


Nicolas Joel l’aurait probablement fait, Gérard Mortier lui brûle la politesse ; les Parisiens vont enfin retrouver une des icônes du répertoire lyrique français : Werther.


On l’oublie trop mais Werther ne fut pas créé à Paris. Carvallho, qui espérait une seconde Manon ne voudra pas de cette triste intrigue, lui fermant la porte de l’Opéra Comique, qui d’ailleurs partit en fumée peu de temps après son refus. Déconfit, Massenet garda l’œuvre dans ses cartons cinq années avant que Vienne, également conquise par Manon mais probablement plus sensible au livret goethéen que le directeur du Comique, n’en fasse une traduction allemande pour la créer. Paris emboîtait le pas l’année suivante, faisant amende honorable.


Le destin compliqué, et tudesque, de cette partition a dû compter dans la décision de Gérard Mortier de consentir à ouvrir à Massenet durant son règne les portes de l’Opéra Bastille. Il lui garantit en tous cas un succès certain, avec une affiche brillante.


Une seule Charlotte, Susan Graham, une troupe formidable sur le papier et que l’on voit déjà habiter la scène avec ardeur (Alain Vernhes, Christian Jean, Christian Tréguier). Et une curiosité : Rolando Villazon fera six représentations, Stefano Secco une, puis Ludovic Tézier quittera Albert pour rendre trois soirs durant Werther à sa tessiture de baryton - en 1902, pour complaire à Mattia Battistini, Massenet écrivit cet ossia dont on redécouvre les séductions depuis les représentations offertes par la Monnaie de Bruxelles la saison passée. Kent Nagano (photo) cédera la baguette pour la version Battistini à Jean-François Verdier, la production vient du Bayerische Staatsoper.



Jean-Charles Hoffelé


Jules Massenet : Werther, Opéra bastille, le 28 février puis les 3, 6, 9, 12, 15, 18 mars (version ténor) et les 22, 24 et 26 mars 2009 (version baryton).


Réservations à l’opéra Bastille

Photo : DR

Partager par emailImprimer

Derniers articles