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Paris - Compte-rendu - Royale Garanca


Invitée de la série Les Grandes Voix, Elina Garanca avait rendez-vous avec Paris, auréolée de son récent triomphe dans la Damnation de Faust à Genève. Euphémisme que d’écrire qu’elle a été à la hauteur des attentes que la perspective de ce récital avait fait naître. Port de reine, présence rayonnante : dès son entrée en scène quelque chose se passe. Mais ce sont évidemment d’abord les qualités vocales de la jeune mezzo-soprano lettone (née en 1976) qu’il convient de louer.

Beauté, chaleur du timbre, homogénéité parfaite, de graves bien assis jusqu’à des aigus d’une richesse étonnante, sont mises au service d’un naturel de l’expression et d’une compréhension intime des textes et des situations dramatiques qui signalent une musicienne de premier ordre. Et d’une étonnante versatilité puisque ce récital l’a montrée également convaincante dans Donizetti et Bellini (« All’afflitto è dolce il pianto » de Robert Devereux et « Se Romeo t’uccise un figlio » des Capuleti e i Montecchi) dont elle dégage tout le suc poétique, que dans Bizet. Soit, la Habanera paraît un brin trop sage, trop blonde a-t-on envie d’écrire en s’en voulant toutefois de faire la fine bouche, mais Garanca épate dans la Séguédille et la Chanson bohème. La qualité de son français force l’admiration et pourrait être donnée en exemple à certains de nos gosiers nationaux.

Puisque nous sommes en Espagne, restons-y ! La seconde partie de la soirée est entièrement dédiée à la zarzuela. Des extraits d’ouvrages de Barbieri, Chapi, et autre Gimenez montrent une interprète idéale de chic, de fraîcheur, de piquant et d’intelligence dans un répertoire trop méconnu chez nous. Au pupitre, le chef britannique Karel Mark Chichon à la tête de European Sinfonia, après une ouverture du Barbier de Séville qui sent un peu trop la mise en route, se révèle être un partenaire de choix pour la soliste et mène par ailleurs avec énergie et relief les différents morceaux symphoniques (Bizet, Rimski, un arrangement signé Chichon de la Malagueña de Lecuona) qui entrecoupent le récital d’une chanteuse dont vous n’avez pas fini d’entendre parler.

Alain Cochard

Théâtre des Champs-Elysées, samedi 15 novembre 2008

Programme détaillé du Théâtre des Champs-Elysées

Photo : DR

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