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Paris - Compte-rendu - Pygmalion : le baroque nouvelle génération


Pas de doute, parmi les jeunes ensembles baroques apparus récemment en France, Pygmalion est l’un des plus prometteurs. Philippe Maillard avait fait confiance à Raphaël Pichon et à ses instrumentistes et chanteurs en octobre dernier pour un concert à Saint-Roch (avec l’ensemble dans son grand effectif). Bien lui en avait pris car ce concert nous avait autant comblé qu’empli de l’envie de retrouver rapidement ces interprètes. Désir partagé à l’évidence, car c’est une église des Blancs-Manteaux archi-pleine qui vient d’accueillir avec non moins d’enthousiasme la récente prestation de Pygmalion, en petit effectif cette fois.

Quand d’autres débitent les éternels « saucissons » baroques, Raphaël Pichon (photo) fait le choix de l’originalité. Intitulé « Ode Funèbre », son programme rassemble des ouvrages plutôt rares de Buxtehude, Bruhns et Bernhard. Interprété en exergue du concert, le Selig sind die Toten de Schütz donne le ton d’une soirée où la qualité et le fini de l’interprétation vont de pair avec une expression toujours fervente mais jamais forcée.

« Bienheureux les morts »… Si la tonalité funèbre domine, la confiance en Dieu habite toutes les œuvres retenues et c’est cette lumière d’espoir que l’approche de Raphaël Pichon s’attache à continûment mettre en valeur.

Tour à tour choristes et solistes, les chanteurs de Pygmalion s’illustrent, tel Benoït Arnould (basse) dans la Cantate « Gott, hilf mir » BuxWV 34 de Buxtehude, ou Maïlys de Villoutreys (sop.), Romain Champion (ténor) et Virgile Ancely (basse) dans la très originale cantate-madrigal « Hemmt eure Tränenflut » de Nikolaus Bruhns (1665-1697) - œuvre dont Bach s’est souvenu ! -, que Pygmalion et son chef explorent avec un souci du détail remarquable.

En seconde partie, après le « Herr, nun lässest du deinen Diener in Friede fahren » de Christoph Bernhard, vient le moment le plus impatiemment guetté de la soirée ; le superbe Klag-Lied de Buxtehude dont la longue déploration est confiée à Juliette Perret. L’attente n’a pas été déçue et l’on y découvre une jeune soprano de 23 ans dont la pureté de la ligne, la richesse de timbre, l’émotion vraie et sans effet emportent l’adhésion. Juliette Perret : retenez ce nom !

Le « Herzlich lieb hab ich, o Herr » de Buxtehude renferme la soirée dans une belle émotion collective, à l’image du travail accompli par Raphaël Pichon et son équipe. Pygmalion : l’ensemble qui monte - et pour de bonnes raisons !

Alain Cochard

Paris - Eglise des Blancs-Manteaux, le 17 mars 2009

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Photo : DR

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