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Paris - Compte-rendu : L’orchestre selon Mahler


Pierre Boulez, Claudio Abbado sont revenus récemment sur la 7e Symphonie en en proposant sensiblement la même lecture : solaire, nerveuse, exaltée, toute en rythmes et en éclats. On s’était laissé gagner par cette ivresse qu’avait initiée avant eux, avec une fièvre plus trouble, Simon Rattle. Et on ne le regrette pas.

Avec Metha et son cher Philharmonique d’Israël ce fut tout autre chose. Chant de la nuit souligne Mahler. Dès la rumination étrange qui ouvre le Langsam, l’oppression est présente. Un étau se referme dans des tempos d’une lenteur qui délitent ça et là quelques attaques. Mais l’impression de suffocation est là, et Mahler la voulait. Splendides Nachtmusik, perdues dans des voluptés de timbres, des subtilités d’accents, des camaïeux de couleurs où tout l’art d’orchestrateur s’emploie en des musiques de chambre infinies, émaillées de pianissimos magiques.

Quel orchestre ; un musée presque, mais vivant, un témoignage de ce que devaient être les formations mitteleuropa avant le terrible massacre. Et pour Mahler une identité sonore absolue que l’on ne retrouve pour partie qu’à Prague et qu’à Vienne. Soirée émouvante, qui laissait songeur au sortir du Théâtre des Champs-Elysées. Cet orchestre que Bernstein aimait tant, il faudrait pouvoir l’entendre chaque année.

Jean-Charles Hoffelé

Théâtre des Champs-Elysées – 11 septembre 2007

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Programme détaillé du Théâtre des Champs-Elysées

Photo : DR

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