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Paris - Compte-rendu - Beethoven ? concert de rentrée déconcertant pour l’Orchestre de Paris


C’est entendu, la salle n’aide pas. Mais hélas, Eschenbach qui fut un si prodigieux interprète des œuvres pianistiques de Beethoven n’a nullement pénétré les arcanes du dernier orchestre du maître de Bonn. L’immense formation requise tournait à la pléthore, l’étroitesse du cadre de scène de Mogador ayant contraint à des dispositifs instrumentaux malheureux (les trompettes si loin de la petite harmonie, ce qui produisait des blancs déconcertants), et surexposant les cuivres.

Eschenbach n’a saisi le tactus d’aucun des quatre mouvements de la 9e Symphonie, trop épais, pas assez mystérieux et fulgurant dans l’Allegro (malgré un crescendo central impressionnant), trop métrique et appuyé dans le Molto vivace (que l’on ne devrait jamais jouer autrement qu’avec des timbales de peau), trop éparpillé et détaillé dans un Adagio qui ennuyait rapidement. De sa voix détruite Andréas Schmidt lançait le finale dans des abîmes d’incertitudes, qu’heureusement le chœur assez bien préparé par Didier Bouture et Geoffroy Jourdain sauva du naufrage.

Tout au long du concert, dans l’atmosphère surchauffée de Mogador, la petite harmonie souffrit d’un accord improbable, et le basson solo, au son énorme, paru disproportionné. Mais le succès public fut au rendez-vous et l’orchestre dûment acclamé. En première partie on avait trouvé Eschenbach à son meilleur dans les mystérieux calques et les nombreuses déviations interrogatives dont Berio a paré les esquisses de la Dixième de Schubert. Rendering ne propose pas de reconstruction musicologique : on y voit Berio y glisser ses symphonies de timbres dans les mélodies éperdues de Schubert, parvenant à des dérives lyriques que l’Orchestre de Paris, avec son art de la couleur, habitait avec une douceur inquiète idéale.

Jean-Charles Hoffelé

Concert d’ouverture de la saison de l’Orchestre de Paris, Théâtre Mogador, le 30 septembre 2004.

Photo: DR

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