Journal

Paris - Compte-rendu : Au salon avec David Bismuth

Tags de l'article

Beaucoup l’ignorent mais certains salons parisiens accueillent encore d’intimes soirées musicales. Une poignée de privilégiés se sont ainsi retrouvés dimanche 22 octobre sous les fresques romantiques du Musée Jacquemart-André pour un récital unique du pianiste David Bismuth. Atmosphère feutrée, abat-jour grenats et piano noir au milieu du grand salon. La saison « Autour du piano » fête ses dix ans avec classe et sobriété.

Sous-titré « Réminiscences », le récital se conçoit comme une mise en parallèle de pièces éloignées dans le temps mais rejointes par la forme ou l’esprit. Une sorte de construction en miroir où chaque œuvre se révèle par rapport à l’autre. On commence par une lecture claire et aérée du Choral en fa mineur BWV 639 et du Prélude et Fugue en Do mineur (Livre II) de Bach. Une entrée en matière des plus délicates qui se poursuit par l’imposant Prélude, Choral et Fugue de Franck. La même finesse doublée d’une légèreté limpide se retrouve dans le premier mouvement. David Bismuth possède cette noblesse sobre et naturelle, la grâce française peut-être ? Au comble de l’inspiration, le final se mue en apothéose et s’inscrit encore dans une clarté et une maîtrise stupéfiante.

Chopin et Debussy viennent apaiser le grand salon. Le Nocturne posthume en ut dièse mineur, la Fantaisie-Impromptu et le Clair de Lune extrait de la Suite Bergamasque s’épanouissent dans une pulsation tendre, délicate, parfois véhémente. Le toucher du pianiste ressemble d’ailleurs à celui qu’on prête à Chopin ; lui qui fuyait les salles de concert pour se réfugier dans l’intimité des salons. Une rareté pour finir : l’Allegro Appassionato de Saint-Saëns. Dans cette pièce de bravoure dont certains ne triompheraient que par la technique, David Bismuth joue sur les ambiguïtés harmoniques en mettant à jour l’armature de l’œuvre.

En bis, le Prélude de la suite Pour le piano que le jeune pianiste vient d’ailleurs de graver chez Ame SON dans un programme Debussy/ Dukas. Le piano français est décidément dans de très bonnes mains.

Nicolas Nativel

Dimanche 22 octobre 2006, Musée Jacquemart-André

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles