Journal

Orchestre de Chambre de Toulouse : un nouveau départ

Après la passe périlleuse de l’année 2004, l’Orchestre de Chambre de Toulouse s’est refondé et a pris un nouveau départ sous la direction artistique du violoniste Gilles Colliard. Des ouvrages pour musette forment l’essentiel de l’original programme des trois prochains concerts de l’O.C.T.

Fondé en 1953 par Louis Auriacombe (sous la forme d’une association loi 1901), l’Orchestre de Chambre de Toulouse est une formation bien connue des mélomanes. De ceux de la ville rose et des alentours évidemment, mais très au-delà aussi grâce aux nombreux enregistrements réalisés par la formation et aux concerts qui l’ont menée partout dans le monde depuis sa création.

Choix artistiques effectués contre l’avis des musiciens, dérive financière (déficit cumulé de 370 000 euros) : en juin 2004 l’association qui gérait l’Orchestre de Chambre de Toulouse a été mise en liquidation judiciaire. Refusant de laisser disparaître un orchestre fort d’un passé aussi riche, les musiciens de l’OCT se sont alors pris en main. « Nous avons décidé de refonder l’orchestre par nous-mêmes, sans attendre », confie Renaud Gruss – contrebassiste à l’O.C.T. depuis vingt-trois ans et son administrateur désormais. Traumatisés par le fonctionnement dans une structure associative, les musiciens ont préféré opter pour une forme juridique originale parmi les orchestres français : une société coopérative (une société commerciale dont les salariés sont les associés). Chacun des douze musiciens de l’O.C.T. a apporté sa part de capital et offert six mois de travail gratuit à la formation. Dès novembre 2004, le signal du redémarrage a été donné, mais c’est seulement à la rentrée 2005 que le nouveau départ a vraiment été pris.

« La musique en partage » : telle est la devise de l’O.C.T. Le partage a d’abord été pour ses membres celui de la désignation d’un directeur musical. D’un avis unanime, ils ont porté leur choix sur le violoniste Gilles Colliard. Passionné par la musique baroque mais ouvert à bien d’autres répertoires jusqu’au contemporain, ce dernier s’avoue « motivé par le fait de combattre le dogmatisme et les mauvaises traditions des anciens comme des modernes ». Depuis quelques années, L’OCT avait délaissé la musique baroque. Gilles Colliard lui a redonné sa place en montrant aux musiciens qu’ils peuvent toucher à ce répertoire sans complexe, la question du diapason étant bien secondaire par rapport au travail sur l’articulation – souci primordial du directeur musical.

Pas de « petits » et de « grands » concerts, pas de « musique à deux vitesses » pour l’Orchestre de Chambre de Toulouse. Quel que soit le public, l’énergie et la motivation des musiciens sont identiques !
Cette attention au public se traduit aussi par des tarifs très abordables : une place au tarif normal dans le cadre de l’abonnement annuel revient à seulement dix euros. Autre point important, les concerts de l’O.C.T. ont banni l’entracte. Et « ça change tout », remarque Renaud Gruss. Finie cette pause de vingt (souvent trente dans les faits) minutes « qui tue l’atmosphère du concert » et prolonge inutilement la soirée. D’aucuns ont souvent à se lever tôt le lendemain d’un concert et cette initiative a permis à l’OC.T. de drainer un nouveau public.

Les programmes de la saison en cours en témoignent : sans exclure les oeuvres classiques, romantiques ou du XXe siècle adaptées à son effectif, l’O.C.T. a repris goût à la musique baroque – une véritable mine de répertoire pour une formation à cordes de cette taille. La fin de la période baroque occupe ainsi les trois prochains concerts de l’Orchestre de Chambre de Toulouse (les 10, 11 et 12 février), avec un programme pour le moins singulier imaginé par Gilles Colliard autour d’un instruments méconnu et cher au XVIIIe siècle français : la musette.

Après le rayon de soleil d’une sinfonia de Boccherini, on découvre ainsi le Concerto pour musette « L’hiver » de Nicolas Chédeville, le Concerto comique de Michel Corette et enfin, puisque Gilles Colliard se consacre à la composition, un ouvrage de sa plume intitulé Obsession (à la musette : Pierre Bats). Gilles Colliard a d’ailleurs le goût des instruments rares et l’on sait déjà que la prochaine saison de l’O.C.T. comportera un concerto pour … cor des Alpes !

Alain Cochard

Orchestre de Chambre de Toulouse. Programme détaillé

Photo : DR
 

Partager par emailImprimer

Derniers articles